Le Conseil fédéral avait demandé en février au Parlement d'ouvrir huit crédits supplémentaires pour un montant total de 14,325 milliards. Il a notamment doublé, de 5 à 10 milliards de francs, les fonds destinés aux cas de rigueur.
Pour financer cette mesure, le gouvernement a demandé un crédit supplémentaire de 6,3 milliards de francs.
Plus de vingt milliards pour la protection sociale
Tout comme en 2020, le domaine le plus soutenu par la manne fédérale en 2021 reste la protection sociale. Ainsi, en cumulant les deux années, quelque 22,2 milliards seront dépensés, pour principalement financer le chômage partiel, montrent des chiffres compilés jeudi par la radio alémanique SRF.
Deuxième poste le plus important des dépenses fédérales liées à la crise du Covid, l'aide à l'économie, et plus précisément aux entreprises. Et c'est une nouveauté: le soutien passe en effet de 81 millions de francs en 2020 à 9,2 milliards en 2021. Il s'agit là des fameuses aides aux cas de rigueur décidées en décembre dernier.
Le reste des aides Covid de la Confédération part notamment vers le secteur de la santé (2,66 milliards). En effet, quand la population se fait tester ou vacciner contre le SRAS-CoV-2, la plupart de ces interventions sont financées par la Confédération. Autre domaine soutenu, celui des transports publics, à hauteur de 1,1 milliard. La Confédération vole en particulier au secours du transport ferroviaire, confronté à une baisse massive de ses passagers. Et toutes ces aides financières fédérales s'ajoutent à celles mises en place par les cantons.
Des crédits supplémentaires concernent aussi les charges de fonctionnement de l'Office fédéral de la santé publique (84,5 millions) et le crédit d'engagement pour l'acquisition de matériel sanitaire et de vaccins (500 millions).
Montants considérables mais justifiés
"C'est effectivement dans le domaine social qu'il fallait dépenser ces milliards", a estimé jeudi soir dans Forum le professeur de finances publiques à l'Institut de hautes études en administration publique à l'Université de Lausanne Niels Soguel. "Ces 22,2 milliards représentent une hausse de 50% par rapport au montant dépensé habituellement par les collectivités publiques suisses pour le domaine de la politique sociale. Il s'agit donc de montants considérables", analyse-t-il.
Malgré l'ampleur des sommes investies pour amoindrir les effets économiques du Covid-19, Niels Soguel ne s'inquiète pas pour les finances du pays: "Il n'y a pas de crainte à nourrir par rapport à l'endettement. En comparaison internationale, les collectivités publiques suisses sont dans une très bonne situation. Et l'endettement public est typiquement là pour faire face aux situations que nous vivons actuellement", rassure le professeur.
L'endettement public est typiquement là pour faire face aux situations que nous vivons actuellement
A ses yeux, la sortie de crise ne passe toutefois pas seulement par des actions exceptionnelles de l'Etat. "Il faut aussi avoir confiance dans le secteur privé. On a toujours tendance à croire que la réponse vient forcément de l'Etat. Il a un rôle décisif à jouer, mais ce sont les ménages et les entreprises qui sont les acteurs essentiels de notre système social. Il faut avoir confiance dans ces acteurs-là pour rebondir", professe-t-il.
Sujet radio: Marc Menichini
Adaptation web: Vincent Cherpillod