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"Botellón" interdit à Lausanne, pas à Genève

Les "botellones" commencent à envahir la Suisse.
Les "botellones" commencent à envahir la Suisse.
A chaque ville sa méthode pour tenter de contrer la mode des «botellones». Si Genève a décidé de tolérer la prochaine manifestation, Lausanne et Zurich refusent de cautionner ces «beuveries collectives».

Considérant cette soirée comme une manifestation soumise à
autorisation, la Direction de la sécurité publique et des sports de
la ville de Lausanne a rencontré le 18 août dernier son initiateur
pour évaluer l'encadrement prévu.

Sécurité en jeu

Cette rencontre n'a abouti sur aucune garantie sérieuse quant au
dispositif prévu pour maîtriser les risques du rassemblement. La
Municipalité de Lausanne a donc décidé, lors de sa séance de
mercredi, d'interdire le "botellón", refusant le principe
d'utiliser le domaine public pour une manifestation dont l'un des
buts principaux est la consommation d'alcool.



Elle constate par ailleurs que l'initiateur de cette soirée dénie
toute responsabilité et ne peut assurer une organisation et un
encadrement suffisants, notamment en ce qui concerne la présence de
mineurs.

Genève tolère la fête de vendredi

Contrairement à Lausanne, le Conseil
administratif de la Ville de Genève a décidé de tolérer le
"botellón" prévu vendredi au Parc des Bastions. Il a rencontré les
organisateurs, qui se sont engagés à prendre des dispositions pour
éviter dérives et débordements.



L'exécutif municipal s'est dit conscient qu'une interdiction
n'aurait mené à rien car le rassemblement pouvait avoir lieu
ailleurs facilement. "Nous ne voulions pas entrer dans une logique
du chat et de la souris", a affirmé devant les médias Pierre
Maudet, chef du Département de l'environnement urbain et de la
sécurité. La police gardera un oeil sur le rassemblement. La
brigade des mineurs sera également présente sur le terrain.



Dimanche, Pierre Maudet, président de la Commission fédérale pour
l'enfance et la jeunesse, était monté au front, affirmant dans Le
Matin Dimanche vouloir interpeller Pascal Couchepin sur la
question. Il estime notamment que les campagnes de prévention
contre l'abus d'alcool actuelles ne sont pas adaptées.

Mode venue d'Espagne

D'origine espagnole, les "botellones" essaiment dans différentes
villes de Suisse. Zurich, Berne, Genève et aujourd'hui Lausanne
sont confrontées à ce nouveau phénomène qui consiste à rassembler,
via Internet, plusieurs centaines de jeunes pour consommer de
l'alcool.



Ces soirées engendrent à la fois de nombreux risques pour les
consommateurs (agressivité, alcool au volant, coma éthylique,
notamment), des nuisances pour le voisinage et des problèmes
d'ordre public tels que déprédations, déchets, bagarres.



Pour faire face à ce nouveau phénomène, la Municipalité de Genève
espère que les différents contacts pris ces derniers jours avec
d'autres villes suisses confrontées à ce problème, ainsi qu'avec
l'Institut suisse de prévention de l'alcoolisme, pourront déboucher
sur une réflexion commune en matière de politique de la jeunesse,
de prévention, et l'unification des pratiques des villes.



ap/ats/hof

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La ville de Zurich dit non à son tour

Comme Lausanne, la ville de Zurich a décidé d'interdire les «botellones». La municipalité ne peut tolérer ces «beuveries collectives» dans les espaces publics et n'accordera jamais d'autorisation, a-t-elle communiqué mercredi.

Selon le règlement de police, il faut une autorisation spéciale pour utiliser un lieu public au-delà du cadre ordinaire, expliquent les autorités communales dans un communiqué.

C'est très clairement le cas lors d'un rassemblement comptant plusieurs milliers de personnes et dont le but premier est une consommation excessive d'alcool.

Or, l'organisateur du «botellón» prévu le 29 août prochain à Zurich n'en a pas fait la demande. Et même s'il l'avait faite, la municipalité n'accorderait pas l'autorisation nécessaire, ajoute-t elle.

La presse s'interroge sur le phénomène

Alors que Lausanne interdit le "botellón" de samedi, le débat autour de ces fêtes continue d'agiter les rédactions: interdire ou non ces réunions, telle est la question que se posent les journaux ce mercredi.

Dans les quotidiens gratuits Punkt.ch et 20 Minuten, des articles prennent la défense de ces rassemblements. Plutôt que de parler de beuveries, mieux vaut évoquer un flirt collectif, explique le journaliste de 20 Minuten qui a participé à l'un de ces rendez-vous dans les hauteurs de Lucerne.

Punkt.ch confirme: avant de se saouler, on cherche surtout à participer à un événement où internet se matérialise, où ces communautés virtuelles genre Facebook deviennent tout d'un coup bien réelles.

Et c'est d'ailleurs bien à cause de ce phénomène que les autorités sont piégées, explique le Blick: à Zurich, à Lausanne, à Bienne, les organisateurs, malins, promettent d'annuler le rendez-vous ou s'en distancient publiquement.

Qu'importe: avec ou sans eux, le botellon aura lieu, écrit le quotidien alémanique, et en cas de dérapage, les autorités n'auront même plus un responsable à qui s'adresser.

Le Temps consacre son Point fort à la question. Dans son éditorial, Sylvie Arsever estime qu'interdire ce type de rassemblement ne suffit pas: "un 'non' sonore peut rassurer. Mais il constituer une réponse d'autant plus insuffisante qu'il pourra être compris comme un message de rejet. Et de peur".