A Berne, le Conseil fédéral a observé un moment de recueillement à 11h59. "Durant la minute de silence, le gouvernement a rendu hommage aux victimes de la pandémie", a écrit son porte-parole André Simonazzi vendredi sur Twitter, en marge d'une vidéo.
Sur ce même réseau social, le conseiller fédéral Guy Parmelin a ensuite remercié "tous ceux qui se sont recueillis à la mémoire des victimes du Covid-19", espérant qu'ils en aient "retiré de la force".
Il a souligné que la Suisse enregistrait il y a exactement une année le premier décès lié au coronavirus. Il s'agissait d'une femme de 74 ans dans le canton de Vaud.
"Cette pandémie a depuis lors bouleversé le monde entier", a poursuivi le Vaudois. La Suisse elle-même a payé un lourd tribut, plus de 9000 morts et des pans entiers de notre économie sinistrés. Nous comptons encore de nombreux malades et de nombreux convalescents, ainsi que des milliers de personnes aujourd'hui sans emploi, sans perspective".
Sa collègue Karin Keller-Sutter "souhaite beaucoup de force à toutes celles et ceux qui doivent surmonter des épreuves". Simonetta Sommaruga "partage le chagrin de celles et ceux qui ont perdu un être cher" et pense aux personnes dont l'avenir est "incertain" ou la solitude "insupportable".
Toujours sur les réseaux sociaux, plusieurs ambassades étrangères en Suisse se sont associées au mouvement de solidarité avec le hashtag #CoronaCHsilence. C'est le cas par exemple des représentations américaine, canadienne ou grecque.
A travers la Suisse
Sur la Place fédérale et aux alentours, une douzaine de personnes ont marqué un temps d'arrêt. A ce moment justement, deux policiers ont contrôlé une femme qui portait une pancarte, critiquant la "politique calomnieuse de l'UDC" à l'encontre du ministre de la Santé Alain Berset. Après la minute de silence, les cloches se sont fait entendre au centre-ville de Berne.
L'appel du président de la Confédération a été suivi dans tout le pays. Selon des journalistes de Keystone-ATS, les cloches ont sonné à travers la Suisse, de Bellinzone (TI) à Genève, en passant par Morat (FR), Lausanne (VD), Lucerne, Zurich ou Bâle.
Aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), un moment de recueillement a eu lieu sur la rotonde et à différents endroits du site, tous les métiers de l'hôpital y étant représentés. Les passants étaient invités à allumer une bougie et à écrire dans un livre d'or.
>>L’interview de Jérémy Dunon, pasteur et aumônier, dans le 12h45:
Appel à une journée de deuil national
Invitée de La Matinale vendredi matin, la thanatologue Alix Noble-Burnand a salué l'hommage qui s'est déroulé dans tous le pays. Elle avait écrit à Guy Parmelin pour lui demander l'instauration d'une journée de deuil national.
"C'est un geste important symboliquement, c'est même à relever", a-t-elle souligné. "C'est un bon début, malheureusement, cela ne suffit pas. Il faudrait le deuxième chapitre (…), initier quelque chose pour marquer la fin" de la pandémie.
Alix Noble-Burnand reconnaît qu'il est compliqué, aujourd'hui déjà, de prévoir une date pour un tel jour de deuil national. Il faut, a-t-elle expliqué, la prévoir suffisamment éloignée dans le temps. "On va pouvoir repartir quand on aura fermé la porte sur cet épisode-là. Mais la question, c'est quand est-ce qu'on fait ça?".
Après discussion avec les Chambres fédérales, Guy Parmelin n'a pas voulu, pour l'instant, organiser une cérémonie commémorative. "Ce n'est pas le bon moment", a fait savoir le président de la Confédération, notamment pour des aspects épidémiologiques et sécuritaires.
asch avec ats
Rares minutes de silence nationales
Il est rare qu'une minute de silence prônée par le Conseil fédéral soit observée au niveau national. Selon les archives de Keystone-ATS, Joseph Deiss, alors président de la Confédération, avait appelé à respecter trois minutes de silence dans la foulée d'autres pays européens, après les attentats de Madrid qui avaient fait 200 victimes en 2004.
La population suisse avait aussi été invitée à observer un moment de recueillement le 1er octobre 2001 après la fusillade au Parlement de Zoug, qui avait fait quinze morts. Deux semaines auparavant, la Suisse avait respecté trois minutes de silence en hommage aux plus de 3000 victimes des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, comme les autres membres du Conseil de l'Europe.