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Ces papas à temps partiel pour que leur femme puisse faire carrière

Dans les couples avec enfant, rares sont les pères travaillant à temps partiel. Portrait de deux hommes qui ont fait ce choix.
Dans les couples avec enfant, rares sont les pères travaillant à temps partiel. Portrait de deux hommes qui ont fait ce choix. / 19h30 / 3 min. / le 6 mars 2021
En Suisse, environ 12% des pères en couple travaillent à temps partiel, contre 80% des mères dans la même situation. Mais dans les familles où les femmes font carrière, les rôles traditionnels sont de plus en plus souvent inversés.

Lorsque Cesla Amarelle a été élue au Conseil d'Etat vaudois, son mari, Philipp Müller, a décidé de quitter son poste de directeur financier du CHUV pour éviter tout soupçon de conflit d'intérêt. Il a profité de l'occasion pour baisser son taux d'occupation à 80%.

"C'était pour moi quelque chose de naturel. La vie est faite de choix. Il faut se poser la question de savoir si c'est opportun, et pas qu'à titre individuel. On est dans une logique de famille, de couple en l'occurrence, et c'était évident pour moi que j'allais soutenir ma femme, ce n'était pas un sacrifice", explique Philipp Müller dans le 19h30.

Sa femme Cesla Amarelle abonde: "Il y a des moments où l'un prend plus de responsabilités. L'autre en prend aussi, de manière différente. Ce n'est pas une course l'un contre l'autre, mais plutôt ensemble, en équipe."

Une organisation familiale mal comprise

Isabelle Cohen Solal et Julien Cloître vivent une situation similaire. Lorsqu'ils se sont rencontrés à Paris, Isabelle était la plus jeune gestionnaire de fortune de la région et gérait un portefeuille de 6 milliards d'euros. Un jour, elle a été appelée en Suisse par une banque privée, et Julien l'a suivie.

"C'était pas calculé, je dirais. Elle a eu des opportunités de travail qui nous permettaient de partir de Paris. En tant qu'informaticien, je peux travailler partout. Donc ça me semblait logique qu'elle puisse continuer à s'éclater dans son boulot", explique Julien.

Après la naissance de leur fille aînée, c'est lui qui reste à la maison quelques mois. A l'arrivée de la troisième, il s'arrête à nouveau un an et demi, puis reprend un emploi à 60%. Toutefois, leur organisation est souvent mal comprise.

"Les écoles avaient tendance à m'appeler quand j'étais à Londres ou ailleurs", se souvient Isabelle. "Je leur disais 'mais le premier numéro, c'est celui du papa!' et on me demandait 'ah bon, je peux le déranger?'"

Source d'inquiétude pour l'entourage

Entre la dépendance financière de Julien et le manque supposé des enfants, l'organisation de la famille a longtemps été une source d'inquiétude pour l'entourage et la société.

"On m'a dit récemment que c'était terrible que ce soit mon papa et non ma maman qui était le plus présent parce qu'une maman c'est quand même très important", raconte l'une de leurs filles. Pourtant, "elle gérait son job à 100% et arrivait à être avec nous, j'ai plein de souvenirs avec elle".

Isabelle fait aujourd'hui partie de cinq conseils d'administration dans la finance. Julien revendique une meilleure acceptation quant au libre choix des pères de s'occuper de leur famille.

Philippe Evêque, Lea Aldeeb et Cecilia Mendoza/asch

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