Actions, revendications et expos dans tout le pays pour la Journée des droits des femmes
Mouvement #MeToo, Marche des femmes, Grève du 14 juin 2019: l'actualité récente témoigne du regain et de la vivacité des mobilisations féministes et cette journée de mobilisation est du même ordre.
"De nombreuses professions ne peuvent plus être imaginées sans les femmes. Également dans les domaines dits masculins", a déclaré la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. A travers une série de portraits sur Instagram, elle a choisi de rendre visible les femmes travaillant dans différents secteurs économiques.
Son collègue Alain Berset a déclaré sur Twitter que même un demi-siècle après l'introduction du suffrage féminin, la véritable égalité est encore une promesse non tenue: "Nous voyons les progrès en constatant qu’il reste beaucoup à faire."
Le "faux boulot" après le travail
"Cette année, la Journée du 8 mars est la 100ème à l'occasion de laquelle on célèbre officiellement les droits des femmes. Il n’y a pourtant pas de quoi pavoiser", indique un communiqué de Travail.Suisse. L'organisation syndicale rappelle l'existence de sa plateforme pour lutter contre la discrimination salariale, www.respect8-3.ch.
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Au niveau des revendications, la Fédération syndicale SUD, basée à Lausanne, insiste sur le travail de "care", le "faux boulot" selon SUD, après la journée de travail, comme faire les courses, aider les enfants avec les devoirs ou nettoyer. Ce travail doit cesser d'être gratuit et être reconnu, à travers par exemple un "bonus éducatif" aux cotisations prises en charge par l'employeur, selon SUD.
"Elles assument toujours la majeure partie du travail domestique non rémunéré, mais elles travaillent aussi en première ligne dans les métiers essentiels. Reconnaissance? Aucune!", s'étrangle pour sa part Unia dans un communiqué. Le syndicat appelle lui aussi à plus de reconnaissance du travail des femmes.
Violences à l'égard des femmes dénoncées
Ensemble à gauche annonce dans un communiqué que sa conseillère nationale Stefanie Prezioso (EAG/GE) déposera huit interpellations durant la session de printemps au sujet "des salariées et précaires, des migrantes, de la santé sexuelle et reproductive" ou encore à propos de la lutte contre "les violences sexistes dans et hors de la sphère privée".
Les violences à l'encontre des femmes ont aussi été dénoncées lundi par la Jeunesse socialiste. Le parti a déposé symboliquement sur la Place fédérale un lit ensanglanté pour attirer l'attention sur la violence domestique. "L'endroit le plus dangereux pour les femmes est leur propre maison et des mesures de prévention efficaces manquent encore", dénonce le parti dans un communiqué.
Les droits des femmes sont bafoués dans de nombreux Etats, détaille Fanny Moille
Sous l'égide d'Amnesty International, un groupe de dix femmes de Suisse alémanique et de Suisse romande qui ont subi des violences sexuelles demande que le droit pénal considère tout rapport sexuel non consenti comme un viol. En fait partie par exemple la chanteuse Sonia Grimm, qui vient en aide depuis plusieurs années aux victimes de violences domestiques.
Les femmes et les jeunes filles doivent pouvoir décider elles-mêmes de leur santé sexuelle. L'accès à l'éducation sexuelle et aux contraceptifs doit être garanti, revendique l'organisation environnementale Ecopop lundi. L'organisation demande à la Direction du développement et de la coopération (DDC) d'intégrer la pilule du lendemain dans ses projets avec les jeunes à l'étranger. Le droit au planning familial devrait également être appliqué, a-t-elle déclaré.
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Diverses revendications
A Genève, les revendications féministes ont été exposées sur les ponts et les places des alentours ce lundi. Six thématiques sont déclinées en autant de stands en fin de journée, entre le pont de la Machine et l'Ile Rousseau: l'AVS, les femmes migrantes, les violences sexuelles et sexistes, la culture, l'écoféminisme et les luttes féministes internationales.
Dans le canton de Vaud, différentes actions ont eu lieu lundi, comme l'installation d'un stand féministe et une flash-mob sur la Place du 14-Juin à Lausanne. En fin de matinée, une quinzaine de vendeuses et syndicalistes s'y sont réunies pour réclamer de meilleures conditions de travail dans la vente, mais aussi pour dénoncer "une attaque faite aux femmes", alors que des discussions ont lieu actuellement au niveau politique pour étendre l'ouverture des magasins le dimanche.
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Un peu plus tôt, une dizaine d'autres manifestantes se sont brièvement rassemblées sur la place de la Riponne, devant les bureaux de Nuria Gorrite, la présidente du gouvernement vaudois. Cette opération, menée par le Syndicat des services publics (SSP), visait à interpeller les autorités du canton sur le harcèlement sexuel au sein des secteurs public et parapublic.
L'EPFL organise de son côté une série de rencontres en ligne avec des personnalités féminines "inspirantes": figurent au menu l'égalité des chances, la durabilité, l'équité dans la communication scientifique ou encore la promotion de l'égalité hommes-femmes dans le monde professionnel.
A Bâle, environ 800 femmes et personnes transgenres ont défilé dans le centre-ville lundi soir avec le slogan "à bas le patriarcat". La police a montré sa présence, mais a laissé se dérouler la manifestation, non autorisée.
Suisse Tourisme participe également à la journée, en lançant l'initiative "100% Women". L'organisme invite les femmes alpinistes à gravir au cours des six prochains mois les 48 sommets suisses de plus de 4000 mètres, au sein de cordées exclusivement féminines.
Un groupe interreligieux de femmes et d’organisations appelle les paroisses réformées et catholiques romaines à laisser prêcher des femmes le 1er août.
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kkub/boi avec ats
Plusieurs expositions mises sur pied
"Cinquante ans après l'instauration du suffrage féminin en Suisse et malgré des avancées réelles, l'égalité entre femmes et hommes se heurte à la réalité des comparaisons, que ce soit en termes de salaire, de carrière, de légitimité de parole, de liberté du paraître ou de partage des tâches domestiques", indiquent pour leur part les responsables du Musée historique de Lausanne.
A découvrir jusqu'au 27 juin, la nouvelle exposition temporaire du musée lausannois plonge dans l'effervescence des mouvements féministes et des revendications en matière d'égalité. Intitulée "Quoi de neuf pussyhat?", elle se veut une réflexion autour de la construction des rôles et des identités de chacun.
Des musées alémaniques proposent aussi des expositions, notamment à la lumière des 50 ans du droit de vote des femmes suisses. Le Musée national à Zurich présente 200 ans de luttes pour les droits des femmes en Suisse. Le Musée d'Histoire de Berne met en avant des politiciennes ayant oeuvré sous la Coupole fédérale, dont la première conseillère fédérale Elisabeth Kopp ou l'ancienne présidente de la Confédération Ruth Dreifuss. Toujours au registre politique, le Musée d'Histoire de Lucerne donne la parole aux pionnières du canton.
Mobilisations à travers le monde
Des manifestations en Espagne, en France ou en Asie, une commission parlementaire créée en Turquie: des initiatives ont été menées à travers le monde pour la Journée internationale des droits des femmes malgré la pandémie de coronavirus, face au constat persistant des inégalités, discriminations et violences qu'elles subissent.