Interrogé lors du 19:30 de la TSR, Samuel Schmid a exclu de
démissionner: "J'ai une mission, des projets à défendre. Je vais
continuer à lutter pour qu'ils passent devant le Parlement", a-t-il
dit.
Le ministre de la Défense s'exprimait au lendemain de nouvelles
informations révélant qu'il avait été informé par la justice
militaire le 14 novembre 2006 déjà de l'enquête lancée contre
Roland Nef. Or il avait toujours déclaré avoir appris l'existence
de cette plainte par Roland Nef lors d'un entretien de postulation
pour le poste de chef de l'armée en avril 2007.
Samuel Schmid a indiqué avoir "oublié"» cette affaire. "Moi
aussi, je ne suis qu'un être humain", a-t-il indiqué à la DRS. Je
n'ai jamais voulu mentir à personne, a déclaré le ministre. Sur le
moment, l'information est restée sans suites, Roland Nef n'étant
alors pas un de ses subordonnés directs. Par la suite, le ministre
de la défense reconnaît avoir mal mesuré l'importance de la
nouvelle.
"Pas sous les draps"
Samuel Schmid ne connaît pas les détails de l'enquête, a-t-il
répété. Il ne sait que ce qu'il a pu lire dans les médias. Le
litige concernait la sphère la plus intime de Roland Nef lors de sa
séparation avec son ancienne partenaire. Le conseiller fédéral est
parti de l'idée que, lors de l'abandon de la procédure et du
règlement entre les deux parties, l'affaire était close. "Je n'ai
pas cherché à regarder sous les draps", a-t-il déclaré. Le chef de
l'armée a admis avoir sans doute péché par excès de
confiance.
Enfin, interrogé sur les critiques suscitées par sa gestion de
l'affaire et sur les doutes exprimés quant à son aptitude à
continuer de diriger le Département fédéral de la défense (DDPS),
Samuel Schmid souligne que la situation ne lui plaît pas non plus
et qu'il a ordonné des correctifs. Il ne songe toutefois pas à
démissionner. La question se posera avec plus d'acuité si le
Parlement refuse lors de la session d'automne le programme
d'armement, reconnaît Samuel Schmid, qui ne croit toutefois pas à
ce scénario.
Réactions des partis
Les partis n'ont pas manqué de
réagir. Le président de l'UDC a indiqué que "plus rien" ne
l'étonne. Les partis doivent maintenant assumer leurs
responsabilités et se demander si on peut continuer comme ça, a
indiqué Toni Brunner à l'ATS.
Selon lui, les partis couvrent Samuel Schmid par pure tactique
politique. Toni Brunner est toutefois convaincu que le parlement
n'élira pas le Bernois à la vice-présidence de la Confédération en
décembre. "J'ai reçu des signes en ce sens de plusieurs partis",
a-t-il ajouté.
Pour la présidente du groupe socialiste Ursula Wyss, la confiance
en Samuel Schmid est ébranlée. La situation est devenue intenable
et il est plus que jamais nécessaire qu'il clarifie les choses afin
de rétablir la confiance, a-t-elle indiqué.
Crédibilité à restaurer
Pour le PDC, les commissions de gestion doivent clarifier le cas
de A à Z. "Ce n'est qu'après que nous pourrons tirer les
conclusions", estime le président Christophe Darbellay. Pour le
Valaisan, il est important maintenant de rétablir la crédibilité de
l'armée. La Commission de gestion du National a d'ailleurs prévu
une conférence de presse vendredi sur la question.
Des projets centraux pour l'armée doivent être rapidement
réalisés. «Samuel Schmid est seul à savoir s'il est capable de
mener à bien ces projets», écrit le PRD jeudi soir dans un
communiqué. Le parti réexaminera la situation après les conclusions
des commissions de gestion. Il espère que la lumière sera faite
avant la session d'hiver.
ats/ap/cab
La presse très critique
De son côté, la presse se montrait sévère jeudi. Pour "Le Temps", Samuel Schmid a menti par oubli plutôt que par calcul. "Ce crédit de bonne foi est, hélas pour lui, le dernier qui reste porté à son compte", car le notaire bernois "est politiquement mort".
Pour la "Neue Zürcher Zeitung", même si cette nouvelle révélation n'apporte rien de plus, "Samuel Schmid devrait savoir que les scandales politiques, les vrais comme ceux mis en scène, se nourrissent toujours de la question de savoir qui était au courant de quoi et quand". "Suffit maintenant" de dissimuler des faits.
Pour la "Berner Zeitung", il n'est plus temps de ménager Samuel Schmid. Pour le quotidien bernois, il est choquant que le conseiller fédéral n'avoue la vérité que lorsque de nouvelles preuves apparaissent au grand jour.
Le "Blick" accuse le Bernois de tricher tandis que pour le "St. Galler Tagblatt", il n'est plus que «ministre de l'autodéfense". Son maintien au gouvernement n'a plus de sens: dans la situation actuelle, l'armée a besoin d'un ministre qui bénéficie d'un large soutien au parlement.
La SSO lâche Schmid
Le président de la Société suisse des officiers (SSO), Hans Schatzmann, estime que ce sont le commandant de corps Roland Nef et le conseiller fédéral Schmid qui sont responsables de "l'affaire".
Les déclarations de Samuel Schmid, jeudi, n'améliorent en rien la situation.
Les responsables sont Nef qui a été candidat au poste de chef de l'armée malgré une procédure pénale et le conseiller fédéral qui n'a pas posé de question sur cette procédure, note Schatzmann dans la dernière édition de la revue militaire "Allgemeine Schweizerische Militärzeitschrift (ASMZ)".
On attend maintenant du conseiller fédéral Schmid qu'il reprenne les rênes du DDPS et que les menaces de blocages des affaires militaires soient combattues avec énergie et des décisions claires.
Le choix du nouveau chef de l'armée doit se faire de manière professionnelle. L'armée, selon Schatzmann, a plus que jamais besoin d'un chef compétent, dynamique et voyant loin dans le domaine de la politique de sécurité.