La mise en cause systématique de la légitimité des conseillers
fédéraux affaiblit le gouvernement, estime Micheline Calmy-Rey.
Attaquée mercredi par l'UDC et le président du PDC, la ministre
socialiste répond à ses détracteurs (voir ci-dessous son
interview dans Mise au Point). De leur côté, trois
correspondants étrangers, interrogés par Yves Magat de la TSR, ont
exprimé leur opinion sur cette affaire.
L'avis de correspondants étrangers
Les trois correspondants étrangers, en poste à Genève, ont fait
part de leur opinion sur la polémique provoquée par Micheline
Calmy-Rey et d'une manière plus générale sur la politique étrangère
de la Suisse (visionner les vidéos ci-contre). Ils
s'exprimaient lors de la conférence des ambassadeurs, durant
laquelle la conseillère fédérale avait prononcé le disours qui a
suscité le fameux débat.
L'UDC vend, le PDC achète
L'UDC critique régulièrement la politique étrangère de la
Suisse. "De fait, elle ne veut pas de politique étrangère et me
souhaite muette, incolore et inodore", constate la cheffe de la
diplomatie suisse dans " Le Matin Dimanche ", dénonçant une vision nostalgique et
dépassée de l'UDC.
Selon elle, ce sont probablement "des raisons électoralistes" qui
ont poussé le président du PDC Christophe Darbellay à l'attaquer
également. "L'UDC vend sa vision de la politique extérieure comme
un contrepoison à la globalisation et ça plaît. C'est sans doute
pour cela que le président du PDC lui emboîte le pas".
Mercredi, une minorité UDC a tenté vainement de convaincre la
commission des affaires étrangères du National d'élaborer une
motion chargeant le Conseil fédéral de retirer le portefeuille des
affaires étrangères à Micheline Calmy-Rey.
Crédibilité et solidarité
Par une lettre ouverte, le PDC suisse a exigé à son tour une
discussion au sein du gouvernement, mettant en doute la crédibilité
de Micheline Calmy-Rey dans certains pays. Selon la ministre
socialiste, ce sont ceux qui remettent en cause systématiquement la
légitimité et le travail des conseillers fédéraux qui affaiblissent
le gouvernement. "Ce n'est pas bon pour le pays."
Interrogée sur sa solidarité avec Samuel Schmid, Micheline
Calmy-Rey rappelle qu'au nom du Conseil fédéral, le président de la
Confédération Pascal Couchepin a exprimé son soutien au
Bernois.
"Pour ma part, je constate que la crédibilité du Conseil fédéral
est mise en cause. Cela ne peut que tendre les rapports avec le
Parlement. Or, nous avons besoin de travailler ensemble", ajoute-t
elle.
ats/jeh
Hämmerle veut débarquer les anciens
Lors d'une interview accordée au "SonntagsBlick" et reprise par "Le Matin Dimanche", le conseiller national socialiste Andrea Hämmerle propose une solution radicale pour sortir de la crise que traverse actuellement le Conseil fédéral.
Le Grison estime que "cinq conseillers fédéraux, les plus anciens, devraient démissionner collectivement dans l'intérêt du pays".
Seraient épargnées Doris Leuthard et Eveline Widmer-Schlumpf, jugées compétentes et appréciées par le conseiller national.
Pour Andrea Hämmerle, trois des sept Sages sont de toute façon voués à démissionner successivement, mais ce processus étalé ne permettrait pas une réelle évolution de la situation.
A l'inverse, une démission en bloc "ouvrirait la voie à un nouveau départ" pour lequel le socialiste évoque divers scénarii, du retour d'un UDC pur et dur à l'arrivée d'une Vert, en passant par un vaste remaniement ministériel.
Election populaire du Conseil fédéral?
Après la vague de critiques contre Samuel Schmid, Micheline Calmy-Rey se demande si on ne devrait pas faire élire le Conseil fédéral par le peuple afin de renforcer sa crédibilité.
Lorsque les partis font continuellement pression sur le Conseil fédéral, on devrait peut-être dire que le peuple devrait élire le Conseil fédéral, a déclaré au "SonntagsBlick" Micheline Calmy-Rey.
La ministre des Affaires étrangères a cependant pondéré cette proposition en observant qu'elle était consciente du problème posé par un tel changement dans l'élection du Conseil fédéral.
L'élection du Conseil fédéral par le peuple est une vieille idée de l'Union démocratique du centre (UDC), reprise récemment par la direction du parti socialiste suisse. L'UDC avait envisagé le lancement d'une initiative populaire en ce sens après l'éviction de Christoph Blocher du gouvernement.