Servette: pas de circonstance atténuante
Ni Marc Roger ni Olivier Maus ni Marguerite Fauconnet ne
pouvaient ignorer que le Servette FC était structurellement
déficitaire, a déclaré le magistrat.
Selon lui, il aurait fallu des moyens colossaux pour faire vivre
la maison grenat.
Le club était déjà mort
Or, Marc Roger, l'ex-boss du club, n'est arrivé qu'avec des
promesses en poche. Quand Marc Roger a pris les rênes du Servette
FC début 2004, le club était en situation d'ajournement de
faillite, économiquement mort et sans licence pour jouer la saison
suivante, a rappelé le procureur Zanni.
Les trois accusés connaissaient la situation. «On ne leur a rien
caché». Selon le magistrat, l'assainissement du club en avril 2004
n'a été que fictif. Le bilan présenté ne reflétait pas la réalité.
Aucune liquidité n'a été apportée.
Cet artifice a permis au Servette FC d'obtenir sa licence de jeu
auprès de la Ligue suisse de football et de sortir du
surendettement aux yeux de la justice.
Olivier Maus chargé
Dans la matinée, les avocats des parties civiles se sont
exprimés. Ils ont pris pour cible Olivier Maus (lire
ci-contre). Poursuivi pour gestion fautive, l'ancien
administrateur du Servette FC ne se serait pas assez intéressé aux
comptes du club et aurait participé à l'explosion des charges qui a
caractérisé l'époque Marc Roger.
Les avocats d'Olivier Maus ont minimisé le rôle joué par leur
client. Selon Christophe Emonet, l'homme d'affaires genevois ne
s'est jamais considéré comme un investisseur dans le projet de
reprise du club ficelé par Marc Roger. Il a prêté de l'argent pour
«donner un coup de main» au Français.
Jean Patry, son autre avocat, a souligné qu'Olivier Maus n'avait
pris ses fonctions d'administrateur du club qu'à la fin du mois de
juin 2004, soit après que la justice genevoise eut constaté la
sortie du surendettement du Servette FC. Il a démissionné de son
poste en novembre 2004.
Pas de gestion crasse
Jean Patry a en outre rappelé que le club se trouvait déjà aux
soins intensifs avant la venue de Marc Roger. De l'avis de
l'avocat, l'équipe dirigeante de l'époque, emmenée par Christian
Luscher, devenu entre-temps conseiller national, aurait dû avoir le
courage de déposer le bilan au lieu de chercher d'hypothétiques
repreneurs.
L'avocat a répété qu'Olivier Maus, lorsqu'il est devenu
administrateur du club, s'est occupé essentiellement de marketing.
«C'était une activité où il était tout à fait à l'aise». Selon Jean
Patry, l'homme d'affaires genevois n'a certes pas fait tout juste,
mais n'a jamais commis de faute de gestion crasse.
ats/ap/cab/sbo
Une faillite prononcée en 2005
Marc Roger et Olivier Maus comparaissent depuis lundi dernier, en compagnie de l'avocate française Marguerite Fauconnet, devant la Cour correctionnelle de Genève.
Ils sont accusés d'avoir aggravé la faillite du club de football, dont la faillite a été prononcée en février 2005, soit un an après l'arrivée de Marc Roger à la tête du club.
L'ex-patron du club grenat doit répondre de banqueroute frauduleuse, gestion fautive, faux dans les titres et escroquerie.
Marguerite Fauconnet doit répondre de faux dans les titres et Olivier Maus est accusé de gestion fautive. Les trois accusés plaident leur acquittement.
Prévues lundi soir, les plaidoiries des avocats de Marc Roger, Alain Marti et Robert Assaël, ont été renvoyées à mardi matin dès 09h00.
Le jury populaire doit rendre son verdict mardi. Il devra ensuite fixer la peine, en principe mercredi, s'il reconnaît les accusés coupables.
Lâcheté dénoncée
François Canonica, avocat de plusieurs ex-joueurs, a tiré à boulets rouges sur Olivier Maus lundi matin. Il a qualifié la défense de l'héritier d'une des plus grosses fortunes de Genève de «lâche», rappelant comment Olivier Maus avait été un pion essentiel à la venue du joueur étoile Christian Karembeu à Genève.
Pour François Canonica, Marc Roger, présenté comme un sauveur, n'a rien investi dans le Servette. Il savait ce qu'il achetait, un club en dépôt de bilan dans lequel il fallait investir 1,5 million de francs.
Les deux dirigeants ont tout fait sauf préserver l'intérêt du club, surveiller les comptes et la trésorerie, a renchéri son confrère Me David Bitton. Ils ont violé quasi toutes les obligations qui leur incombaient en tant qu'administrateurs, ne mettant en place aucun système de contrôle interne, et ne convoquant aucun conseil d'administration.
Selon l'avocat, les deux hommes se sont rendus coupables de gestion fautive caractérisée.