La sécurité doit rester l'affaire de l'Etat, estiment les
représentants de la Fédération suisse des fonctionnaires de police
(FSFP). Quelque 300 délégués étaient réunis jeudi et vendredi en
assemblée à Lausanne sur le thème «La police, le bon partenaire de
sécurité».
Les tâches de police ne doivent pas en permanence être sous
traitées par l'armée et les entreprises de sécurité privées, a
ainsi déclaré dans son intervention Hans-Peter Uster, président du
Conseil de fondation de l'Institut suisse de police. «Le travail de
police est et demeure un service public», a-t-il souligné.
Lacunes légales
Inquiets des révélations sur les activités de Securitas, les
délégués ont voté une résolution demandant que les lacunes du
concordat sur les entreprises de sécurités privées soient comblées.
La justice et le monde politique doivent «mettre un terme aux
comportements affairistes et déstabilisateurs des entreprises de
sécurité privées», exige la FSFP.
«Toutes les actions de police se font dans un cadre juridique
précis», rappelle le texte de la résolution. Il doit en être de
même pour les entreprises de sécurité privées, estime la FSFP.
Eveline Widmer-Schlumpf présente
La conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, cheffe du
Département de police et justice, était invitée vendredi à
l'assemblée de la FSFP. Interrogée par la RSR, elle a abondé dans
le sens de la fédération: «Nous devons trouver des solutions et
chercher une base légale pour ces organisations de sécurité
privées».
Il s'agit aussi de voir si ces cas sont des exceptions ou si c'est
une pratique courante, a ajouté la Grisonne. Pas de quoi s'emballer
toutefois: «Les organisations privées font du bon travail en
collaboration avec la police».
La FSFP montre également du doigt la police ferroviaire,
actuellement détenue à 49 % par une filiale de Securitas. Cette
police doit être remise intégralement en mains publiques, estiment
les policiers suisses.
Discussions intercantonales
Dans un discours devant l'assemblée, la cheffe du Département
vaudois de la sécurité Jacqueline de Quattro a annoncé qu'elle
saisirait la Conférence des directeurs cantonaux de justice et
police lors de la prochaine séance cet automne.
«Attention à ne pas diaboliser les entreprises de sécurité
privées, nous en avons aussi besoin», a-t-elle toutefois
déclaré.
ats/cht
Berne n'exclut pas des mesures
Jeudi, le gouvernement a indiqué qu'il existait déjà une large palette de moyens légaux au niveau fédéral et cantonal pour lutter contre les abus commis dans la surveillance des personnes privées.
Le Conseil fédéral n'exclut toutefois pas de prendre des mesures au niveau législatif si cela devait s'avérer nécessaire, a-t-il répondu à une interpellation du conseiller aux Etats Luc Recordon (Verts/VD) déposée en juin.
Contrôler les activités de Securitas est en premier lieu une affaire des cantons, selon l'Office fédéral de la police. Dans le canton de Vaud, la cheffe de la police Jacqueline de Quattro a justement décidé d'élargir l'enquête.
«Par acquis de conscience, je vais quand même étendre le mandat de l'expert désigné en juin par le Conseil d'Etat pour se pencher sur l'infiltration du groupe Attac par Securitas», a-t-elle déclaré récemment à la TSR et dans «Le Matin».
Cet ancien juge devra déterminer si la police avait connaissance de l'infiltration du Groupe anti-répression.