Débâcle du Servette: Marc Roger est libre
La Cour avec jury a été moins sévère que le Ministère public
genevois qui a requis mardi contre Marc Roger une peine de trois
ans de prison assortie d'un sursis partiel équivalant aux 22 mois
de détention préventive déjà purgés.
"Je suis très soulagé que Marc Roger puisse sortir aujourd'hui
encore de prison", a déclaré son avocat Me Robert Assaël à l'issue
de l'audience. "C'était l'objectif numéro un". L'avocat a toutefois
fustigé la détention préventive "disproportionnée" effectuée par
son client, qu'il a décrit comme un homme "brisé". La possibilité
d'un recours sera examinée ultérieurement.
Satisfaction dans les deux camps
L'heure était également à la satisfaction du côté du substitut
du procureur Dario Zanni qui constatait que des infractions
importantes avaient été retenues contre les trois accusés. La Cour
a jugé que les délits financiers commis par les prévenus étaient
graves. Ils ont sapé la confiance des créanciers du club et brisé
l'outil de travail des joueurs.
La faute de Marc Roger a été qualifiée de "lourde". Le Français
s'est lancé dans des dépenses inconsidérées et non maîtrisées, a
pris le risque de causer des pertes importantes au club en
contrevenant aux devoirs d'un patron et en persévérant dans son
activité malgré les signaux de détresse. Ses mobiles étaient
égoïstes: il a agi par ambition et par souci de reconnaissance
sociale.
Peine pécuniaire contre Maus
Quant à ses coaccusés, l'homme d'affaires genevois Olivier Maus
a écopé de 240 jours-amende à 2000 francs par jour avec sursis et
l'avocate française Marguerite Fauconnet de 300 jours-amende à 300
francs par jour avec sursis. Contre Olivier Maus et Marguerite
Fauconnet, le procureur avait demandé une peine de 15 mois de
prison avec sursis.
Le Ministère public genevois avait aussi demandé qu'une créance
compensatrice de deux millions de francs soit mise à la charge
d'Olivier Maus et de 500'000 francs à la charge de Marc Roger. Sur
ce point encore, la Cour avec jury ne l'a pas suivi.
Olivier Maus pour sa part a accepté de valider les yeux fermés les
projets du Français. Il a contrevenu aux devoirs d'un
administrateur, se contentant de s'occuper du marketing. Il a
accordé une confiance aveugle à Marc Roger en qui il voyait le
sauveur de son club fétiche et n'a jamais tenté de redresser la
barre. Enfin, la faute de Marguerite Fauconnet a été qualifiée de
"significative", le faux bilan ayant été la pierre angulaire des
déboires du club.
ats/dk/ps
Gestion fautive
En dépit des plaidoiries de la défense qui réclamait l'acquittement, le jury a décidé mardi que les trois accusés portaient une part de responsabilité dans la faillite du club de football.
Marc Roger a été reconnu coupable de gestion fautive et faux dans les titres, tandis que les infractions plus graves de banqueroute frauduleuse et d'escroquerie ont été abandonnées.
Olivier Maus a été reconnu coupable de gestion fautive et Marguerite Fauconnet de faux dans les titres.
Les trois accusés comparaissaient depuis le 1er septembre devant la Cour correctionnelle de Genève. Ils plaidaient l'acquittement.
Principal accusé, Marc Roger était poursuivi pour avoir aggravé la faillite du club de football.
Sous sa gestion, les pertes de Servette sont passées de quelque 860'000 francs au 1er juillet 2004 à près de 15 millions de francs six mois plus tard. En février 2005, la faillite de la société du Servette était prononcée.