Le semi-confinement n'a apparemment pas provoqué de baby-boom comme on l'avait envisagé dans un premier temps, bien au contraire.
Selon les premières données disponibles, qui devront encore être confirmées avec les chiffres de l'Office fédéral de la statistique, la baisse de la natalité, qui est constatée depuis plusieurs années en Europe, paraît en effet s'intensifier avec la crise sanitaire.
De multiples causes
C'est par exemple flagrant à la maternité du CHUV à Lausanne, où tant les naissances que les consultations pré-natales ont baissé ces derniers mois.
Les causes sont multiples, explique David Baud, médecin-chef du service obstétrique du CHUV, interrogé mardi dans le 19h30. Et d'évoquer le stress général induit par l'épidémie, qui fait que la fertilité va diminuer, mais aussi la procréation médicalement assistée, qui a été stoppée dans beaucoup de centres, ce qui représente déjà une baisse de 3% du nombre de grossesses.
Le médecin évoque en outre la distanciation sociale, qui fait diminuer les rencontres entre les gens, et enfin une libido moins présente en période de stress.
David Baud précise d'ailleurs que le recul des naissances en période épidémique est un phénomène habituel: "Nous avons compilé un certain nombre de datas d'anciennes épidémies, type Ebola ou grippe espagnole, et on s'est rendu compte qu'il y a une baisse de 15% du nombre de naissances une année après le début de l'épidémie, suivie d'un rebond de +15% deux ans après l'épidémie."
Une réaction attendue
En attendant, les autorités suisses doivent réagir face au ralentissement de la natalité. Pour Philippe Wanner, démographe à l'Université de Genève, la Suisse ne doit peut-être pas forcément s'inquiéter tout de suite, mais elle doit réfléchir.
Il faut à ses yeux remettre plusieurs questions sur la table: pourquoi est-ce qu'on a relativement peu d'enfants, quelles sont les politiques qui permettraient de concilier les rôles des hommes et des femmes par rapport au travail et à la famille et réfléchir à une politique familiale qui soit un peu plus marquée par rapport à ce qu'elle est aujourd'hui.
Estelle Braconnier/boi