Démarrée début janvier, la campagne de vaccination en Suisse avance à un rythme régulier. Malgré les difficultés d'approvisionnement, ce sont désormais près de 60% des 80 ans et plus qui ont reçu au moins une dose des vaccins Pfizer ou Moderna. Un tiers des 70-79 ans bénéficie au moins d'une protection partielle.
L'actuelle remontée des infections en Suisse permet de constater que la généralisation de la vaccination parmi la population à risque modifie la dynamique de la pandémie.
Alors que l'incidence repart à la hausse depuis trois semaines parmi les 0-69 ans, largement moins vaccinés, elle poursuit sa baisse chez les 70 ans et plus. La tendance est encore plus marquée parmi les personnes les plus âgées (80 ans et +), malgré la circulation croissante du virus.
Cette évolution épidémiologique se constate aussi sur le terrain. Responsable médical de la campagne de vaccination vaudoise, Blaise Genton se réjouit d'une "quasi-disparition des cas de Covid dans les EMS du canton". Le professeur voit dans la diminution des infections dans les classes d'âges les plus élevées "le reflet de l'avancée de la vaccination".
L'amélioration de la situation pour les personnes les plus vulnérables ne se limite pas aux nouvelles infections. Les données indiquent également une évolution positive dans les hôpitaux. Pour la première fois, le nombre de nouvelles hospitalisations des personnes les plus âgées est passé sous celui des 0-69 ans.
Ces tendances initiales étaient l'objectif primaire de la campagne de vaccination, rappelle Blaise Genton, soit "protéger les plus vulnérables de développer un Covid sévère, et décharger le système de santé en diminuant les hospitalisations".
Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre de vaccinologie des HUG, se félicite de la stratégie suisse visant à protéger les personnes à risques en priorité. "Comme observé dans les essais cliniques, et en Israël avant nous, la vaccination prémunit des formes graves du Covid, même si on est très âgé ou très malade", souligne-t-elle en appelant "à vacciner au maximum avant l'arrivée d'une possible troisième vague".
"Ce n'est que le début"
"Ce n'est que le début et le détachement des courbes va s'accentuer", prédit Claire-Anne Siegriest. Selon elle, "avec une analyse encore plus fine, en se basant par exemple sur le suivi des personnes ayant reçu deux doses, l'effet de ces vaccins "incroyablement efficaces" devient "indiscutable".
Pour la spécialiste, l'avancée de la vaccination et ses effets pourraient modifier les caractéristiques d'un nouveau pic épidémique. Son scénario: une augmentation probable des cas, mais une proportion réduite de cas graves. "Mon espoir est que l'on puisse traverser la prochaine vague en maintenant au plus bas les hospitalisations, en particulier aux soins intensifs".
Blaise Genton insiste cependant sur le besoin de vacciner la population la plus large possible avant un véritable retour à la normale. "Si on ne vaccine pas assez, le virus va continuer à circuler, et plus grande est la circulation, plus le risque d'apparition de nouveaux variants est élevé".
Reste encore à voir l'effet concret de la vaccination sur la mortalité, toujours décalée dans le temps. Mais l'OFSP a déjà relevé ce jeudi une chute importante de la part des décès survenus en EMS, passée de 50 à 20% en quelques semaines.
Marc Renfer, collaboration Lucia Sillig & Gabriel De Weck