Marco Chiesa: "Je n'aurais pas appelé à la désobéissance, mais on a le droit de ne pas être d'accord"
Ces dernières semaines à Berne, certains élus UDC ont multiplié les attaques envers Alain Berset et le Conseil fédéral. La conseillère nationale grisonne Magdalena Martullo Blocher a ainsi comparé dans la NZZ le gouvernement à une dictature. Son homologue zurichois Roger Köppel a lui appelé à la désobéissance civile en exhortant les restaurateurs à rouvrir en dépit des interdictions décidées par le Conseil fédéral.
Dans le 19h30, le président de l'UDC Marco Chiesa s'est montré plus réservé que ses collègues de parti, tout en restant critique envers le Conseil fédéral: "Je n'aurais pas appelé à la désobéissance civile. Mais je trouve qu'on a un problème institutionnel. Dans une situation particulière où le Parlement ne peut rien décider et où les cantons ne sont pas écoutés, on doit pouvoir résister et critiquer en disant qu'on n'est pas d'accord."
"Des instance démocratiques doivent co-décider avec le Conseil fédéral"
Marco Chiesa est aussi revenu sur la comparaison qu'a faite sa collègue Magdalena Martullo Blocher entre le Conseil fédéral et une dictature. "Il y a des représentants suisses allemands qui ont utilisé une rhétorique assez rude. Si l'on parle d'une dictature, c'est un organe qui décide et qui n'a pas de limitation démocratique. Dans notre cas, c'est nous qui avons donné cette possibilité au Conseil fédéral. Dans une situation extraordinaire, c'est la loi sur les épidémies qui le permet, c'est le Conseil fédéral qui doit décider ce qui est juste et ce qu'il faut entreprendre pour se battre contre une pandémie."
"Dans une situation particulière - et on est dans une situation particulière depuis le mois de juin - il faudrait qu'il y ait des instances démocratiques qui puissent co-décider avec le Conseil fédéral. C'est pour ça qu'on a déposé des actes parlementaires qui vont dans cette direction", a ajouté le conseiller national tessinois.
Manque d'adhésion de la population
Marco Chiesa estime aussi que ces mesures ne rencontrent plus l'adhésion de la population, pourtant primordiale pour lutter contre le virus. "On ne surmontera jamais une pandémie si on n'a pas la collaboration de la population. On ne va pas surmonter une vague pandémique avec une limitation qui ne donne pas de perspectives futures avec ces fermetures qui n'ont pas de sens, comme celle par exemple des terrasses."
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Le Tessinois appelle au final le Conseil fédéral à faire des concessions. "On ne peut pas tout subordonner au virus. Je pense que la stratégie doit être claire. Les gestes barrières, les tests de dépistage et la vaccination sont la voie principale qu'il faut suivre. Mais on a aussi le droit de travailler et le droit de se rencontrer, parce que les dégâts sociaux et personnels d'un confinement sont incroyablement grands."
Au sujet des vaccins, Marco Chiesa ne donne pas d'indication précise, mais concède qu'il serait mieux de se vacciner pour pouvoir sortir de la crise. "Je trouve que c'est quelque chose d'assez personnel. Personnellement, moi je me ferai vacciner, parce que c'est une responsabilité individuelle que j'assume. Je peux comprendre qu'une partie de la population soit réticente, mais il faudra faire avec, il faudra trouver une solution pour pouvoir s'en sortir."
Interview TV: Jennifer Covo
Texte web: Antoine Schaub