Durant la situation extraordinaire décrétée par le Conseil fédéral du 16 mars au 19 juin 2020, les infractions pénales ont baissé de 21% par rapport à la moyenne des trois dernières années, indique l'Office fédéral de la statistique (OFS) dans un rapport publié lundi. Dans le même temps, les infractions à la loi sur les stupéfiants ont diminué de 14%, celles à la loi sur les étrangers et l'intégration de 37%.
>> Lire aussi : Les détails des chiffres 2020 de la criminalité dans les cantons romands
Plus de violences domestiques
Sur cette période, les vols par effraction concernant les privés ont fortement diminué (-62%). "Les gens étaient beaucoup plus présents chez eux en raison de l’obligation de travailler à domicile", explique Mark Burkhard, président de la Conférence des Commandants des Polices Cantonales de Suisse (CCPS), cité dans un communiqué.
Pendant le semi-confinement, les violences domestiques ont, elles, augmenté de 5%. "Des éléments indiquent toutefois qu’un nombre accru de conflits familiaux est survenu dans plusieurs régions du pays", a souligné de son côté la task force "Violence domestique et Covid-19" de la Confédération.
Infractions pénales en recul sur l'année
Pour l'ensemble de l'année, le nombre d'infractions pénales a diminué pour la huitième année consécutive, de 2,4%, pour un nombre total de 421'678. Les infractions à la loi sur les stupéfiants ont diminué de 9,4% et les infractions à la loi sur les étrangers de 11,5%.
Mais le nombre d'infractions violentes a en revanche augmenté l'an dernier (+3 %). Les infractions violentes graves ont connu une hausse significative de 8,9%, en raison notamment de l'augmentation des tentatives d'homicide (+22,2 %), des viols (+5 %) et des agressions avec lésions corporelles graves (+5 %), indique le rapport de l'OFS.
Le nombre d'homicides est, lui, resté stable: 46 en 2020 contre 47 un an plus tôt, selon l'OFS. Vingt-huit ont été commis dans le cadre de violences domestiques et 11 des victimes étaient des femmes tuées par leur partenaire ou ex-partenaire. Neuf étaient des enfants tués par un parent.
Autorités et fonctionnaires pris pour cible
La CCPCS fait par ailleurs état d'un "nouveau record" en matière de violence et de menaces à l'encontre des autorités et des fonctionnaires, en augmentation de 8,1 % par rapport à l'année précédente.
Pour l'ensemble de 2020, les cambriolages également connu une baisse de près de 10%. Les vols de véhicules (+15,4%) et de vélos électriques (+15,4%) ont augmenté.
Infractions en ligne désormais chiffrées
La statistique contient pour la première fois les infractions ayant une composante dite numérique. L'OFS en dénombre 24'398. La grande majorité (16'395) concerne la "cyber-escroquerie", dont font partie par exemple les arnaques liées aux magasins en ligne, aux annonces immobilières ou encore aux sentiments. A titre de comparaison, 32'819 cambriolages ont été dénombrés la même année. Les cantons romands qui ont également publié leur mbilan 2020 lundi (lire encadrés) ont tous constaté une progression de ces escroqueries sur internet.
Interrogé dans le 12h30 de la RTS, le commandant de la Police cantonale valaisanne Christian Varone a dit n'être qu'à moitié surpris, parce que le phénomène inquiète déjà depuis plusieurs années.
Mais "c'est vrai qu'on a constaté en 2020 une explosion du nombre d'escroqueries sur le net", a-t-il souligné. "Il faut s'en préoccuper, parce que cela fait des dégâts auprès des particuliers notamment, qui se laissent piéger par ces escrocs sur le plan financier et psychologique".
De son côté, Solange Ghernaouti, professeure à l'Université de Lausanne, interrogée dans Forum, a estimé que "l'avantage de disposer de chiffres c'est de pouvoir quantifier un problème existant depuis de nombreuses années. C'est la première fois que nous obtenons ces statistiques mais il ne faut pas surestimer l'importance de ces chiffres puisque tous les délits ne sont pas forcément comptabilisés mais cela permet de dégager une base pour trouver des mesures pour lutter contre la cybercriminalité".
ats/oang