Les avions de combat au cœur de la rencontre entre les cheffes des armées suisse et française
C'est la quatrième fois en quatre ans que les cheffes des deux armées se rencontrent. Car la France est bien décidée à vendre à la Suisse son avion de combat, le Rafale du constructeur français Dassault. Six milliards de francs sont sur la table, ainsi que la caution suisse comme argument pour des ventes à d'autres pays.
Le Rafale est l'un des quatre appareils "finalistes" qui pourraient être achetés. L'évaluation est en cours par la Suisse, et la décision du Conseil fédéral est imminente. Il doit choisir un nouvel avion de combat cet été.
Souveraineté respectée
Et même si l'offre émane d'industriels et non des autorités françaises, la ministre des Armées a tout de même fait l'éloge de son fleuron aéronautique lundi en conférence de presse. Par ailleurs, Florence Parly a appris sa leçon helvétique: elle a mis l'accent sur la souveraineté, si chère à l'UDC.
"Je sais la Suisse très attachée au principe de souveraineté, en particulier des données", a-t-elle dit. Le système Rafale a été conçu comme un "instrument de souveraineté" et est proposé à la Suisse "comme tel".
En outre, la France s'engage à respecter la propriété souveraine des données, a-t-elle déclaré. "Il n'y aura pas de boîte noire" dans le jet de l'avionneur français Dassault, a-t-elle appuyé. Ni dans le système de défense sol-air SAMP/T, du consortium français Eurosam, également en cours d'évaluation par Armasuisse.
Pas de contrepartie diplomatique
Quant à la question de savoir si la France pourrait, en échange de l'achat des avions de combat Rafale, se faire l'avocate de la Suisse dans la délicate question européenne, la ministre française n'a donné aucun gage, tout en soulignant la volonté de son pays de "construire" avec la Suisse.
De son côté, la conseillère fédérale Viola Amherd a souligné qu'aucune "préférence de la cheffe du département" ne pouvait être déduite de cette rencontre. Les autres fournisseurs d'avions de combat et de systèmes défense sol-air auront également l'occasion de la rencontrer, a-t-elle ajouté.
Muriel Ballaman/jop/ats
Critiques balayées sur le projet de réseau de satellites
Les deux ministres se sont également défendues contre les accusations selon lesquelles la Suisse paierait trop cher pour participer au projet français Composante spatiale optique (CSO).
Viola Amherd a estimé que le Contrôle fédéral des finances, auteur d'un rapport sur le sujet, était très compétent en matière de finances, mais peut-être moins en matière de renseignement. Elle estime donc qu'il n'a "pas su saisir l'ampleur du projet" mais ne le lui "reproche pas".
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Pour Florence Parly, les critiques n'ont pas pris en compte l'ensemble de l'offre. En plus des images qui peuvent actuellement être commandées, la Suisse aurait accès à une banque de données plus importante, disponible seulement pour quelques pays.
Le 16 mars, le Conseil des Etats a donné son feu vert à un accord-cadre prévoyant une collaboration et un crédit d'engagement de 82 millions de francs en faveur d'un nouveau système de satellites d'observation militaire en cours de développement. Le Conseil national doit encore se prononcer.