Approuver les deux initiatives populaires soumises au verdict des urnes le 13 juin permettrait de mettre un terme à la pollution de l'environnement par des pesticides toxiques. Cela sonnerait aussi le glas à l'utilisation excessive d'antibiotiques et à la surfertilisation, a détaillé mercredi la coalition en faveur d'un double oui.
Le comité en faveur des deux initiatives, qui regroupe le WWF, Greenpeace, Pro Natura, Acquaviva, les Médecins en faveur de l'environnement, BirdLife et la Fédération suisse de pêche (FSP), a souligné les faibles moyens dont il dispose en comparaison avec les opposants.
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"C'est un combat entre David et Goliath", a imagé Philipp Sicher, secrétaire générale de la FSP. Ce dernier estime toutefois que les initiants peuvent compter sur trois forces: les données du monde de la santé, le soutien de la population et des faits.
Près de 2000 tonnes de pesticides sont utilisés chaque année pour cultiver les sols, a rappelé Ursula Schneider-Schüttel (PS/FR), qui soutient également les deux initiatives. Une grande partie des cours d'eau sont pollués.
Selon Martina Munz (PS/SH), présidente d'Acquaviva, la Suisse est un pays où l'utilisation de pesticides est particulièrement élevée et un million de Suisses boivent une eau empoisonnée.
Santé et biodiversité touchées
Cette situation a des répercussions sur la santé. "Les pesticides sont des tueurs de biodiversité dans les écosystèmes", a relevé François Turrian, directeur romand de BirdLife suisse. "Un organisme sur trois figure sur les listes rouges des espèces menacées en Suisse."
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Environ la moitié des grands lacs suisses ont une teneur en oxygène trop faible, a ajouté Martina Munz.
"Au lieu de s'attaquer à la racine du problème, certains lacs sont oxygénés depuis des décennies", s'est insurgée la conseillère nationale. Et selon François Turrian, c'est le contribuable qui paye ces oxygénations.
Les deux initiatives offriraient ainsi "une grande sécurité dans la planification". Leurs longues phases de transition, huit à dix ans, permettent de mettre en place un changement socialement acceptable.
ats/iar
Même objectif, approches différentes
Le comité en faveur des textes soumis au vote le 13 juin prochain constate qu'avec ou sans ces initiatives, le statu quo en matière de politique agricole n’est pas une option pour la société. Les insectes disparaissent, l'eau est polluée et la fertilité des sols décline.
Ces deux initiatives doivent permettre d'anticiper les changements à venir. Selon la coalition, elles suivent les mêmes buts, mais avec des approches différentes.
L'initiative populaire "Pour une eau potable propre et une alimentation saine" vise à garantir la qualité de l'eau potable. Les agriculteurs ne pourraient toucher de paiements directs qu'à la condition de respecter des exigences écologiques comme la préservation de la biodiversité, une production sans pesticides et des animaux nourris avec le fourrage produit dans l'exploitation.
Ces subventions seraient coupées aux paysans administrant préventivement ou régulièrement des antibiotiques à leurs animaux. L'octroi d'autres aides (recherche, formation, investissement) dépendrait des mêmes conditions.
L'initiative sur les pesticides de synthèse demande quant à elle d'interdire l'utilisation de ces produits dans la production agricole ainsi que pour l'entretien des sols et des paysages.
Elle réclame également l'interdiction d'importer à des fins commerciales des denrées alimentaires qui contiennent des pesticides de synthèse ou qui ont été fabriquées à l'aide de ces produits.
Le Conseil fédéral s'oppose aux deux initiatives
Les initiatives compromettent la sécurité alimentaire de la Suisse, a estimé mardi le gouvernement. Selon lui, les deux textes vont trop loin.
Sans protection spécifique contre les maladies et les ravageurs des cultures, la production de denrées alimentaires chuterait, a expliqué le président de la Confédération Guy Parmelin.
Il n'y aura pas d'autre moyen que d'augmenter les importations et, par ce fait, de transférer le problème à l'étranger. L'impact environnemental serait négatif, a encore affirmé le ministre de l'Economie. Ce qui est tout sauf durable et souhaitable.
A l'instar du Parlement, le Conseil fédéral recommande donc au peuple de rejeter les deux initiatives populaires le 13 juin.