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Les distributeurs de publicités, ces laissés-pour-compte de La Poste

Les mauvaises conditions de travail de ceux et celles qui distribuent les publicités dans les boîtes aux lettres (vidéo)
Les mauvaises conditions de travail de ceux et celles qui distribuent les publicités dans les boîtes aux lettres (vidéo) / L'éclairage d'actualité / 4 min. / le 25 mars 2021
Les personnes distribuant journaux ou prospectus dans les boîtes aux lettres gagnent beaucoup moins que les facteurs ou factrices de La Poste. Elles ont pourtant, le plus souvent, le même employeur.

Depuis une dizaine d'années, La Poste a racheté une grande partie des sociétés concurrentes de distribution de journaux, de publicités ou de tous-ménages. Celles-ci ont gardé leur nom, mais elles appartiennent bel et bien au Géant jaune.

Epsilon est l'une d'entre elles. L'entreprise est active dans les cantons de Vaud, Fribourg et Genève. Aujourd'hui, elle veut changer le statut de ses distributeurs de publicité.

Un témoignage éloquent

L'un de ses employés a témoigné de manière anonyme, jeudi dans La Matinale de la RTS, de ses conditions de travail actuelles. En une soirée, il distribue entre 700 et 1000 exemplaires, qu'il a dû préparer au préalable. Une tournée peut durer entre six et douze heures selon le trafic en ville. Il y a donc tout intérêt à travailler en soirée ou tôt le matin, sans compensation pour ces horaires nocturnes.

Cet employé gagne pour cela entre 2000 et 3000 francs par mois, en utilisant sa propre voiture et en payant l'essence. Sans parler des amendes quand le véhicule est mal garé, qui sont aussi à sa charge.

Le passage à un salaire horaire en discussion

Pourtant, ces conditions lui conviennent mieux que ce que l'entreprise voudrait lui offrir à l'avenir. Car Epsilon veut passer au salaire horaire, plutôt qu'à la rémunération au nombre de publicités distribuées.

Elle propose un tarif horaire de base de 16 francs 10, plus les vacances et le 13e salaire. Mais sur la base d'un forfait fixe et non pas en fonction d'un décompte réel des heures: tel circuit serait estimé à tant d'heures de travail.

De plus, l'assurance perte de gain en cas de maladie passerait au système dit de Bâle, soit un dédommagement selon l'ancienneté. Tout compris, les employés ont peur d'y perdre.

Des conditions "inacceptables" en 2021

Pour les syndicats, c'est totalement inacceptable. Secrétaire régionale de Syndicom (syndicat des médias et de la communication), Virginie Zürcher dénonce ces nouvelles conditions: "Le prix pour les employés est le fait de ne pas savoir combien ils vont être payés, d'avoir un salaire horaire proposé qui est inacceptable en 2021 en Suisse, et de toujours devoir payer les mauvaises gestions des entreprises sur le dos des employés", dit-elle. "En fait, syndicalement ce n'est juste pas acceptable".

La Poste, elle, reste assez réservée en l'état. "Je ne peux pas entrer en matière dans les détails parce qu'on aura encore des discussions avec les syndicalistes dans les semaines qui viennent", explique son porte-parole Oliver Flüeler.

"La Poste essaie d'avoir de bonnes conditions de travail", assure-t-il, "mais elles dépendent aussi des cantons et des autres sociétés de la branche en Suisse alémanique. On essaie de trouver une solution, mais La Poste ne peut pas donner plus d'argent qu'elle ne gagne avec ces entreprises".

Epsilon, elle, a déjà été amendée il y a deux ans pour non-respect de la loi sur le travail.

Sandra Zimmerli/oang

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