"Tot! Tot! Tot! ", tel est le titre choisi par le quotidien zurichois "Tages Anzeiger" pour qualifier l'accord-cadre entre la Suisse et l'Union européenne. Car certains parlementaires n'hésitent plus à prédire la "mort" de ce texte, comme le conseiller aux Etats Christian Levrat (PS/FR) lundi dans le 19h30
Un avis que ne partage pas le vice-président de Swissmem et membre du comité d’Economiesuisse François Gabella, invité jeudi dans La Matinale: "L’accord-cadre bouge encore, il n’est pas encore mort. Mais il est mal en point." Et d'ajouter: "Je refuse de dire que cet accord est mort, car un certain nombre de sondages montrent que la population, malgré ce "pataquès", reste convaincue que le voie bilatérale est la meilleure solution avec l’Europe."
Trois points à clarifier
Officiellement, les négociations sont toujours en cours. La cheffe de mission suisse Livia Leu a enchaîné les allers-retours entre Berne et Bruxelles. Le conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères Ignazio Cassis va désormais prendre le relais.
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Il affirme qu’un chemin est "encore possible", même s'il semble difficile de convaincre l’UE de céder sur les trois points qui froissent sur la protection des salaires, les aides d’Etat et la directive sur la citoyenneté.
Derrière le discours officiel, en Suisse, les soutiens s’effritent. Le Conseil fédéral, hésitant et divisé, n’en finit plus de jouer la montre. Les syndicats parlent de menace sur les emplois. Même les milieux économiques ne sont plus unanimes. Les plus ardents défenseurs de cet accord, contactés par la RTS, se disent tous inquiets et pessimistes.
De son côté, François Gabella regrette que la sérénité d’une discussion sur un sujet aussi important ait été "fortement entachée": "Quand les négociateurs sont venus avec une proposition d’accord final, au lieu de se positionner, le Conseil fédéral l’a simplement lancé dans l’arène politique et tous les partis se sont déchaînés."
Nous avons traîné les pieds pendant sept ans. L’UE commence à être excédée.
"Pas d'autre choix"
Quelles seraient alors les conséquences si aucun accord n'est trouvé? "Les difficultés que nous éprouvons à maintenir les 120 accords avec l’UE vont rester et nous n’avons pas d’autre choix que de clarifier nos relations institutionnelles et d’avancer plus sereinement dans le futur", estime François Gabella.
Et d'expliquer: "Nous avons traîné les pieds pendant sept ans. L’UE commence à être excédée. Nous allons donc assister à une multiplication d’obstacles qui vont nous rendre la vie difficile. Aujourd’hui, c’est l’équivalence boursière. Demain, ce sera l’équivalence technique pour les medtech."
Les conséquences politiques sont aussi très incertaines. L'UE s'est souvent dite compréhensive envers les choix du peuple suisse, mais elle pourrait l'être nettement moins si le Conseil fédéral, lui-même, enterre cet accord-cadre.
Sujets radios: Julien Bangerter et Romaine Morard
Adaptation web: Valentin Jordil