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François Gabella: "L’accord-cadre avec l'UE bouge encore, il n’est pas encore mort"

François Gabella, membre du comité d'Economiesuisse, donne son avis sur l'accord-cadre avec l'Europe (vidéo)
François Gabella, membre du comité d'Economiesuisse, donne son avis sur l'accord-cadre avec l'Europe (vidéo) / L'invité-e d'actualité / 7 min. / le 25 mars 2021
Certains élus n'hésitent plus à prédire la "mort" de l’accord-cadre avec l'UE, qui doit régler les futures relations entre Berne et Bruxelles. Le vice-président de Swissmem François Gabella veut encore y croire: "Nous n’avons pas d’autre choix que de clarifier nos relations institutionnelles avec l'UE."

"Tot! Tot! Tot! ", tel est le titre choisi par le quotidien zurichois "Tages Anzeiger" pour qualifier l'accord-cadre entre la Suisse et l'Union européenne. Car certains parlementaires n'hésitent plus à prédire la "mort" de ce texte, comme le conseiller aux Etats Christian Levrat (PS/FR) lundi dans le 19h30

>> Revoir son interview dans le 19h30 :

Le commentaire du conseiller aux États socialiste fribourgeois Christian Levrat sur l'accord-cadre entre la Suisse et l'UE.
Le commentaire du conseiller aux États socialiste fribourgeois Christian Levrat sur l'accord-cadre entre la Suisse et l'UE. / 19h30 / 3 min. / le 22 mars 2021

Un avis que ne partage pas le vice-président de Swissmem et membre du comité d’Economiesuisse François Gabella, invité jeudi dans La Matinale: "L’accord-cadre bouge encore, il n’est pas encore mort. Mais il est mal en point." Et d'ajouter: "Je refuse de dire que cet accord est mort, car un certain nombre de sondages montrent que la population, malgré ce "pataquès", reste convaincue que le voie bilatérale est la meilleure solution avec l’Europe."

Trois points à clarifier

Officiellement, les négociations sont toujours en cours. La cheffe de mission suisse Livia Leu a enchaîné les allers-retours entre Berne et Bruxelles. Le conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères Ignazio Cassis va désormais prendre le relais.

>> Relire aussi : Le Conseil fédéral sous pression pour soumettre l'accord-cadre au peuple

Il affirme qu’un chemin est "encore possible", même s'il semble difficile de convaincre l’UE de céder sur les trois points qui froissent sur la protection des salaires, les aides d’Etat et la directive sur la citoyenneté.

Derrière le discours officiel, en Suisse, les soutiens s’effritent. Le Conseil fédéral, hésitant et divisé, n’en finit plus de jouer la montre. Les syndicats parlent de menace sur les emplois. Même les milieux économiques ne sont plus unanimes. Les plus ardents défenseurs de cet accord, contactés par la RTS, se disent tous inquiets et pessimistes.

>> Les explications dans La Matinale :

Les drapeaux européen et suisse, lors de la visite du commissaire de l'UE Jean-Claude Juncker à Berne, en novembre 2017. [Keystone - Peter Klaunzer]Keystone - Peter Klaunzer
La mort de l'accord institutionnel entre la Suisse et l'Union européenne? / La Matinale / 2 min. / le 25 mars 2021

De son côté, François Gabella regrette que la sérénité d’une discussion sur un sujet aussi important ait été "fortement entachée": "Quand les négociateurs sont venus avec une proposition d’accord final, au lieu de se positionner, le Conseil fédéral l’a simplement lancé dans l’arène politique et tous les partis se sont déchaînés."

Nous avons traîné les pieds pendant sept ans. L’UE commence à être excédée.

François Gabella, vice-président de Swissmem

"Pas d'autre choix"

Quelles seraient alors les conséquences si aucun accord n'est trouvé? "Les difficultés que nous éprouvons à maintenir les 120 accords avec l’UE vont rester et nous n’avons pas d’autre choix que de clarifier nos relations institutionnelles et d’avancer plus sereinement dans le futur", estime François Gabella.

Et d'expliquer: "Nous avons traîné les pieds pendant sept ans. L’UE commence à être excédée. Nous allons donc assister à une multiplication d’obstacles qui vont nous rendre la vie difficile. Aujourd’hui, c’est l’équivalence boursière. Demain, ce sera l’équivalence technique pour les medtech."

Les conséquences politiques sont aussi très incertaines. L'UE s'est souvent dite compréhensive envers les choix du peuple suisse, mais elle pourrait l'être nettement moins si le Conseil fédéral, lui-même, enterre cet accord-cadre.

Sujets radios: Julien Bangerter et Romaine Morard

Adaptation web: Valentin Jordil

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