Toujours plus de jeunes consultent pour des questions relatives à leur identité de genre
Etre née fille mais se sentir garçon depuis toujours ou inversement. Cela s'appelle la dysphorie de genre. Et en Suisse romande, les jeunes sont toujours plus nombreux à faire appel à des professionnels.
"On s'attendait à une augmentation des consultations avec l'ouverture de la parole", affirme Adèle Zufferey, psychologue responsable à la Fondation Agnodice qui accompagne les enfants et adolescents transgenres ou en questionnement.
En 2020, la Fondation a reçu une centaine de jeunes selon son rapport annuel. L'année d'avant, ils étaient 60.
Plus de discussions en famille
La pandémie n'est pas étrangère à la hausse des consultations. "Nous avons constaté que le premier confinement a permis à certains jeunes de pouvoir parler de leur mal-être à leurs parents. Il y a eu beaucoup de discussions dans les familles. Les jeunes ont pu réfléchir sur leur malaise identitaire."
Agnodice enregistre un nombre de consultations encore bien inférieur à d'autres centres à l'étranger, qui évaluent entre 1,8 et 2,4% la part de jeunes qui se définit comme transgenre ou en questionnement.
Cette hausse du nombre de consultations et d'accompagnements montre que les jeunes savent désormais où chercher de l'aide, selon Raphaël Wahlen référent au CHUV pour les questions d'identité de genre à la division interdisciplinaire de santé des adolescents (DISA).
Pas d'effet de mode
Pour ce pédiatre, il n'y a pas d'effet de mode. "L'identité de genre est un ressenti de la personne. On ne choisit pas d'être de genre masculin ou féminin. Cela fait partie de nous."
"Les études des dix dernières années montrent que ces jeunes présentent jusqu'à dix fois plus de troubles dépressifs et anxieux que leurs camarades. Il y a un risque de déscolarisation. Si on peut les soutenir et les accompagner, ces jeunes vont bien se développer."
La DISA offre un suivi personnalisé, en collaboration avec les familles des adolescents souffrant d'une dysphorie de genre. Elle suit aujourd'hui une soixantaine de jeunes contre une poignée, il y a cinq ans lorsque la consultation a été créée.
Céline Fontannaz