AVS flexible: les arguments des partisans
Les partisans de l'initiative «Pour un âge de l'AVS flexible» ont fourbi leurs armes en prévision des votations du 30 novembre. Ils estiment que le texte mettrait fin à la discrimination entre les hauts salaires et les autres.
Le comité pour le «oui» rappelle ainsi qu'une grande partie des
employés n'a pas la possibilité de prendre plus tôt sa
retraite.
Hauts salaires privilégiés
«L'accès à la retraite anticipée est réservé aux personnes
possédant un haut salaire ainsi qu'à une minorité de salariés
affiliés à des caisses de pension solides», a déclaré lundi Paul
Rechsteiner, président de l'Union syndicale suisse (USS).
Et d'ajouter que c'est justement cette tranche de la population
qui possède la plus longue espérance de vie et qui peut ainsi
profiter d'une retraite encore plus longue. Les ouvriers, les
vendeurs ou encore les employés de l'hôtellerie n'ont pas la
possibilité de prendre une retraite anticipée, a rappelé le
conseiller national socialiste st-gallois. «Cette initiative
consiste simplement à instaurer une égalité de traitement entre les
différents revenus», a-t-il souligné.
Le travail paie plus
Le travail paie plus qu'une rente, a souligné Paul Rechsteiner
(PS/SG). La personne qui, entre 62 et 65 ans, est en bonne santé et
a un emploi où elle est appréciée et décemment rémunérée voudra
normalement continuer à travailler.
Il ne faut pas s'attendre à un «rush» sur la retraite anticipée, a
renchéri Peter Kyburz, secrétaire général de la Société suisse des
employés de commerce (SEC). Tant que des occasions d'activité
lucrative se présentent, on les saisit. Si l'environnement de
travail et le salaire sont corrects, les plus de 50 ans seront
nombreuses à vouloir travailler jusqu'à l'âge officiel de la
retraite. Pour ce faire, il faut évidemment que l'économie
garantisse des emplois aux plus de 60 ans.
Plus grande égalité
L'initiative permet également de faire un pas de plus vers
l'égalité entre femmes et hommes, selon Elsbeth Wandeler,
secrétaire générale de l'Association suisse des infirmières et
infirmiers.
L'initiative est le seul chemin pour sortir de l'impasse politique
et introduire un âge de la retraite flexible social, selon Martin
Flügel, président du syndicat Travail.Suisse. Il s'agit de tenir la
promesse faite par le Conseil fédéral durant la campagne de
votation sur la 10e révision de l'AVS en 1995. «Après de longs
débats sans résultats, nous ne croyons plus que le Parlement puisse
trouver une solution».
ats/cer
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Le texte en quelques mots
Le texte «Pour un âge de l'AVS flexible» veut permettre aux salariés touchant jusqu'à 120'000 francs par an de prendre une retraite dès 62 ans sans diminution des prestations.
Les personnes gagnant davantage continueraient en revanche de subir une diminution de leur rente de vie.
Le modèle proposé par l'initiative prévoit un financement à travers l'assurance-vieillesse et survivants (AVS), ce qui, selon Paul Rechsteiner, est plus avantageux que par le biais d'une caisse de pension ou d'une assurance privée.
Le coût estimé est d'au maximum 6,50 francs par mois de cotisation d'employé.
Les coûts supplémentaires annuels seront d'environ 800 millions de francs. Converti en pour-cent de salaire, la cotisation passerait de 8,4% à 8,64%.
Selon le conseiller fédéral Pascal Couchepin, l'initiative coûtera 1,5 milliard de francs supplémentaires par an.
Otto Piller soutient l'initiative
Ancien directeur de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS), Otto Piller déplore la vision pessimiste du Conseil fédéral.
Il ne s'est pas seulement opposé au Conseil fédéral sur l'estimation des coûts.
Il déplore que Pascal Couchepin brandisse la menace d'une évolution démographique qui pousserait l'AVS dans les chiffres rouges.
Or, cette assurance «se porte comme un charme»: «il faut en finir avec ces menaces continuelles de démantèlement», qui angoissent les rentiers et empêchent toute amélioration de l'AVS.