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Le Conseil fédéral veut faciliter le tir de loups dans certaines situations

Le nombre de loups augmente dans notre pays. [AP/Keystone]
Le Conseil fédéral souhaite faciliter la régulation des loups / Le 12h30 / 1 min. / le 1 avril 2021
Les meutes et les loups isolés doivent pouvoir être tirés plus rapidement en cas de conflit avec des éleveurs. Le Conseil fédéral a mis mercredi en consultation une modification d'ordonnance, qui fait plutôt large consensus.

Les loups sont toujours plus nombreux en Suisse, rappelle le gouvernement dans un communiqué. Plus d'une centaine d'individus et onze meutes évoluent actuellement dans le pays. L'extension des populations peut provoquer des conflits avec les éleveurs, notamment dans les régions de montagne, précise-t-il.

La modification de la loi sur la chasse entendait faciliter la régulation des effectifs et ainsi rendre possible la cohabitation entre l'homme et le grand prédateur. Elle a toutefois été rejetée par le peuple en septembre 2020.

>> Lire : La révision de la loi sur la chasse refusée du bout des lèvres

Le Parlement a donc chargé le gouvernement de modifier les ordonnances dans les limites de la loi en vigueur. La consultation court jusqu'au 5 mai prochain.

Seuils de bêtes attaquées abaissés

Les loups pourront désormais être tirés si dix moutons ou chèvres ont été attaqués. Jusqu'à présent, la barre était placée à quinze. Pour les gros animaux de rente, comme les bovins, les chevaux, les lamas et les alpagas, trois attaques suffiront. Une attaque ne sera toutefois prise en compte que si une clôture ou des chiens de protection défendaient les troupeaux.

Dans les régions épargnées jusqu'à présent par le loup, le seuil de dommages sera désormais fixé à 15 animaux attaqués en un mois, contre 25 précédemment, et à 25 en quatre mois, contre 35. Une protection ne sera pas nécessaire dans ces cas.

La protection des troupeaux doit également être augmentée. Les mesures restent du ressort exclusif des détenteurs, mais ces derniers peuvent bénéficier d'aides financières de la Confédération. L’éventail de celles-ci sera élargi et l’indemnisation de mesures considérées comme efficaces par les cantons sera accrue. Elle correspondra désormais à 80% du montant.

Volonté populaire respectée

Le projet respecte le rejet populaire de la révision de la loi sur la chasse, précise encore le Conseil fédéral. Il ne prévoit pas de régulation du loup à titre préventif. Il est également conforme aux prescriptions de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, dite Convention de Berne.

La régulation proposée des populations de loups se limite au tir de jeunes animaux, dont seule la moitié peut être abattue. La conservation de la meute concernée est ainsi assurée et les effectifs de loups ne sont pas menacés, explique le gouvernement.

Compromis satisfaisant

Les lobbies environnementaux ne comptent pas combattre ce changement. "Ce qui est le plus important pour nous, c'est qu'il n'y a pas de possibilité de tirer le loup tant qu'il n'y a pas de dégât avéré. C'était le point central de nos revendication, et ça a été respecté", explique Sarah Pearson-Perret, secrétaire romande de Pro-Natura

De leur côté, si les milieux de la chasse auraient préféré la révision refusée en septembre, le président de la Société des chasseurs romands Pascal Pittet salue ce compromis. "C'est important pour accompagner l'économie alpestre", estime-t-il, en prévision d'une croissance de cette espèce de prédateur qu'il annonce "exponentielle".

Après la campagne tendue et les débats passionnés de l'automne dernier, cette ordonnance ouvre donc la voie à un certain apaisement.

ats/oang/jop/Julien Bangerter

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