Si partir à l'étranger reste un parcours du combattant, les cantons se préparent à une arrivée de touristes suisses. En Valais, par exemple, si aucune campagne de promotion touristique particulière pour Pâques n'a été mise en place, le canton mise sur la neige, encore bien présente. On est loin de l'ambiance de 2020, lorsque le vice-président de l'Interprofession de la Raclette du Valais AOP Eddy Baillifard demandait expressément aux touristes de ne pas rejoindre son canton.
Au Tessin également, région généralement prisée à Pâques, l'ambiance est incomparable à l'année passée. Le canton était alors particulièrement touché par la pandémie. Mais aujourd'hui, les autorités sont beaucoup mieux préparées.
Dans ces deux cantons, et dans d'autres régions moins touristiques, le message prévalent mise sur un respect strict des précautions, sur la vigilance, et sur l'affirmation que les concepts sanitaires sont bien en place.
Rester cohérent
Interrogé jeudi dans La Matinale, le ministre genevois de la Santé Mauro Poggia abonde dans ce sens: "Avec un taux de reproduction de 1.19, on ne peut pas parler d'optimisme, il faut rester vigilant".
Mais pour le conseiller d'Etat, il faut aussi savoir rester logique. "La propagation du virus et l'inquiétude en Suisse est assez uniforme, je dirais qu'il n'y a pas plus de risques à Genève qu'à Zurich", estime-t-il, donc "soit on ordonne un confinement, et ce n'est pas notre intention, soit on se dit que le bassin au sein duquel les gens peuvent se mouvoir peut s'étendre du canton à la Suisse".
Il remarque également que le fait de partir en vacances n'est pas plus dangereux que de se réunir pour prendre l'apéro sur des marchés, comme c'est déjà le cas à plusieurs endroits actuellement.
Bouffées d'oxygène
Questionné à ce sujet sur l'autorisation à Genève d'une fête foraine sur la plaine de Plainpalais, qui a soulevé de nombreuses critiques, Mauro Poggia justifie ce choix: "Il y a la lutte contre le Covid-19, mais il y a aussi la lutte contre la morosité et la dépression", rappelle-t-il. "Je pense qu'il est important que les gens puissent avoir aussi quelques bouffées d'oxygènes symboliques".
On ne vit pas que de santé physique, on vit aussi de relations humaines, et il faut trouver un juste équilibre entre l'une et l'autre
"On s'est rendu compte aujourd'hui que la dépression qui s'installe peut avoir un impact sur le long terme. Il ne s'agit pas de lâcher les mesures mises en place, et qui doivent encore être respectées le temps que la vaccination fasse son travail. Mais il faut aussi comprendre qu'on ne vit pas que de santé physique, on vit aussi de relations humaines, et il faut trouver un juste équilibre entre l'une et l'autre", explique-t-il encore.
Ainsi, pour le ministre genevois de la Santé, tenir compte de ces facteurs dans les consignes, "ce n'est pas du fatalisme, c'est du pragmatisme. On se rend bien compte après une année que donner des instructions que la population n'est pas prête à accueillir, c'est totalement contre-productif".
Se faire tester
Contacté, l'Office fédéral de santé publique ne fait pas de recommandation en prévision du week-end. Mais il indique que la situation épidémiologique reste instable et en appelle à la responsabilité de chacune et de chacun. Il souligne aussi l'importance de se faire tester en marge d'éventuelles vacances.
Pierrik Jordan/Adrien Krause