Les effets de rattrapage, la hausse des remboursements de médicaments et les coûts liés à la lutte contre la pandémie ont contribué conjointement à cette situation.
Résultat: la facture globale se monte à 34,5 milliards de francs, soit une hausse de près de 400 millions par rapport à 2019. Le chiffre met fin à toute spéculation sur une éventuelle baisse des coûts.
"C'est un peu la surprise", a commenté le porte-parole de Santésuisse Christophe Kämpf vendredi dans le 19h30 de la RTS. "Alors que des acteurs du système de santé affirmaient que la fermeture de certains services dans les hôpitaux ou des cabinets médicaux allaient provoquer une baisse des coûts de la santé, on ne l'observe pas sur la totalité de 2020".
Rebond après le semi-confinement
L'effet de rattrapage dès le mois de juin, après le semi-confinement de mars-avril, a été le plus marqué dans l'activité des cabinets médicaux, selon les chiffres mensuels fournis à la RTS par Santésuisse. Alors que les prestations remboursées en avril étaient inférieures de près de 200 millions par rapport à avril 2019 (-24%) le rattrapage en juin a culminé à 153 millions (+20%), avant de se poursuivre sur le reste de l'année. Au final, le total des prestations, médicaments et analyses remboursées en cabinet a augmenté de 0,3%.
Dans le détail, pour les cabinets, les prestations remboursées ont baissé de 0,2%, les ventes de médicaments ont crû de 1,8% et les analyses médicales ont reculé de 2,5%. Dans les hôpitaux, l'évolution mensuelle des coûts LAMal a été similaire. Le bilan 2020 se solde par une hausse de 1,8% dans l'ambulatoire et une baisse de 0,7% dans le stationnaire.
De très chers tests Covid
Les coûts d'analyse en laboratoires ont augmenté de 5,8%, dépassant pour la première fois le milliard de francs. Cette forte hausse "est à mettre sur le compte des tests PCR Covid qui étaient jusqu'à la fin de cet automne à charge de l'assurance maladie de base", a expliqué Christophe Kämpf. Désormais, la Confédération prend en charge elle-même ces tests dont plus aucun n'est à charge de la LAMal, précise-t-il.
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Au rayon des pharmacies, la consommation de médicaments prescrits a bondi dès février et culminé en mars, les patients ayant constitué des réserves à mesure que la menace du virus montait. Après une chute lors du confinement, la consommation est redevenue élevée jusqu'à la fin de l'exercice, bouclé sur une hausse de 4,5% à 4,1 milliards de francs.
L'arrivée de préparations oncologiques très onéreuses a contribué à cette tendance, selon Santésuisse. Les remboursements d'anti-cancéreux comme les anticorps monoclonaux auraient même augmenté de 15% en 2020, selon Curafutura, association représentant quatre grands assureurs.
Possible hausse des maladies non-détectées
Les mesures sanitaires contre le Covid ont également freiné la prévention et le dépistage de pathologies. Fin octobre 2020, les consultations de dépistage du cancer du sein et du côlon étaient encore près de 15% moins nombreuses qu'en 2019, selon la caisse maladie CSS. "Ceci pourrait mener à une hausse des maladies non détectées", a averti Philomena Colatrella, directrice du groupe. Une étude est en cours pour mesurer ce phénomène et ses possibles conséquences.
"Nous constatons également depuis le début de cette année une hausse des coûts dans l'ergothérapie et la psychothérapie chez des jeunes", a révélé Philomena Colatrella. "Je pense que ces pathologies augmenteront, mais on en saura plus d'ici le milieu de l'année". Selon elle, les coûts de la santé sont actuellement repartis à la hausse au rythme d'avant la crise du Covid, une analyse partagée par Santésuisse.
Nécessaires réserves contre le Covid
Au sortir de ce bilan, les réserves des caisses s'élèvent actuellement à un peu plus de 10 milliards de francs, articule Christoph Kämpf.
Et pour lui, il n'est pas question de les réduire: "Quand on voit que la pandémie a déjà coûté plus d'un demi-milliard de francs, qu'on ne sait pas si on va devoir faire face à une troisième ou une quatrième vague, si on va devoir se faire vacciner chaque année, et qu'on ne connaît pas non plus les coûts que pourraient représenter les patients atteints de Covid long, on voit l'importance d'avoir ces réserves pour couvrir ces surcoûts possibles", a-t-il souligné.
Dans ces conditions, les futures primes 2022 pourraient ne pas suivre la hausse modérée (+0,5%) enregistrée cette année. L'exercice devra inclure les inconnues du Covid ainsi qu'une possible intégration du niveau des réserves dans la marge de calcul des primes. Cette proposition des assureurs est sur la table de la Confédération.
Pascal Jeannerat/oang