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Bonus: la BNS ne veut pas d'un plafond

Le chef de la BNS juge risqué de toucher au salaire des banquiers.
Le chef de la BNS juge risqué de toucher au salaire des banquiers.
Jean-Pierre Roth voit d'un mauvais oeil une trop large intervention de l'Etat dans le secteur bancaire. La fixation de règles rigides touchant aux rémunérations et bonus serait contre productive, estime le président de la BNS.

La définition d'une limite supérieure ne se révélerait pas
raisonnable, relève Jean-Pierre Roth dans une interview parue
samedi dans la " Neue Zürcher Zeitung ". "Si le salaire ne devait plus
correspondre aux normes du marché, il y aurait alors danger de voir
les talents partir vers des banques à l'étranger."

Un luxe inabordable

Et dans de domaine, la Suisse ne peut se payer le luxe de la
voie solitaire, insiste le président de la Banque nationale suisse
(BNS). Le bon fonctionnement de la place financière helvétique ne
sera garanti que si "nos banques profitent du même contexte que
leurs concurrentes étrangères".



Ce qui n'empêche pas Jean-Pierre Roth de penser que "les excès
doivent être corrigés, mais en harmonie avec l'étranger". Selon
lui, la Commission fédérale des banques (CFB) doit veiller à ce que
les rémunérations offertes par l'UBS demeurent dans un cadre
raisonnable.



Les voix critiques à l'égard du plan de sauvetage du numéro un
bancaire suisse ont justement fait valoir les limites à apporter à
la politique salariale, au regard de la contribution de la
Confédération pour maintenir à flots l'établissement.

Ne pas confondre crédit et participation

A ce sujet, le président de la BNS a défendu l'adoption du plan
de sauvetage présenté le 16 octobre. Les mesures sont conformes aux
conditions du marché, notamment la fixation d'un taux d'intérêt de
12,5% pour rémunérer le prêt convertible de 6 milliards de francs
fourni par l'Etat fédéral.



"Car il ne s'agit pas d'un crédit normal, mais d'une participation
au capital", souligne le Valaisan. "Un actionnaire (en l'occurrence
la Confédération) est en droit d'attendre une rémunération
supérieure à un prêteur usuel."



Au-delà, Jean-Pierre Roth se dit convaincu que le paquet
représentant quelque 68 milliards de francs va contribuer à ramener
le calme: "Aujourd'hui, des signes positifs se font jour. Nous
observons un lent retour à la confiance dans le secteur
bancaire."



ats/jeh

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En avance sur l'Europe

Le président de la BNS rejette la critique selon laquelle l'institut d'émission monétaire et la Confédération seraient sortis du bois pour répondre aux pressions exercées par les grands pays européens.

Jean-Pierre Roth signale à ce titre qu'il en avait déjà tenu informés ses collègues gouverneurs des banques centrales du G10 à l'occasion de la réunion d'automne du Fonds monétaire international (FMI) il y a trois semaines à Washington.

Plus généralement, Jean-Pierre Roth note que la BNS était prête à intervenir dès le mois de mai.

Quant à la surveillance de l'UBS et du Credit Suisse, elle s'était trouvée renforcée à partir de l'automne 2007, en collaboration avec la CFB, puis avec le Département fédéral des finances à compter du printemps.

Mais l'UBS n'en était pas informée. Dès le début, il est apparu que la consolidation de la grande banque ne pouvait s'opérer que par la séparation des affaires pourries ainsi que par une recapitalisation, explique le président de la BNS.