Selon ce premier sondage, deux des quatre objets jaugés
obtiennent l'appui d'une majorité de citoyens.
Si les choses se présentent bien pour la modification de la loi
fédérale sur les stupéfiants, l'avenir reste ouvert pour le texte
demandant la dépénalisation de la consommation de cannabis, pour
celui voulant limiter le droit de recours des organisations et pour
celui qui propose une retraite flexible.
L'incertitude donc, même si 52% des
sondés appuient cette dernière initiative. Responsable de l'étude,
Claude Longchamp rappelle en effet que l'essentiel des arguments
contre une initiative populaire n'émerge qu'au cours de la campagne
qui précède la votation.
Mais l'argument du coût, utilisé par les adversaires du projet,
interpelle déjà la plupart des gens. "J'estime qu'il faut donc
compter sur une progression du non", indique Claude Longchamp à
swissinfo. "Quant à savoir si elle suffira à faire basculer la
majorité, je laisse encore la question ouverte."
Un scoop
Que les gens soient majoritairement favorables à la retraite
flexible, cela n'étonne pas outre mesure Claude Longchamp. Ce qui
le surprend par contre, c'est que l'idée séduise une majorité de la
base de l'UDC. "C'est évidemment un scoop", lance-t-il.
"C'est un peu étonnant, car le parti s'est clairement positionné
dans le camp du non. Visiblement ici, l'intérêt de pouvoir
bénéficier personnellement des effets de l'initiative passe avant
l'idéologie partisane."
Cette initiative obtient le moins de partisans dans les rangs
bourgeois du centre et du centre-droit, soit chez les
démocrates-chrétiens (PDC) et chez les radicaux (PRD).
Mais plus encore qu'au niveau des partis, des différences
apparaissent sur le plan géographique entre les régions du pays.
Alors que 46% des sondés germanophones appuient la retraite
flexible, leur part atteint 66% chez les Romands et même 74% dans
la zone italophone.
"Sur les questions de politique sociale, les Alémaniques penchent
plutôt pour des solutions individuelles tandis qu'en Suisse
francophone et italophone, on préfère toujours les approches
collectives et étatiques", explique le politologue.
Le chanvre divise
La situation est fort différente en ce qui concerne l'initiative
sur le chanvre, qui demande la dépénalisation de la consommation de
cannabis. Ici, ce sont la Suisse romande et la Suisse italiennes
qui sont contre, à 53%, alors qu'en Suisse allemande, 50% des
sondés seraient prêts à l'accepter.
"Les gens sont divisés, constate Claude Longchamp. Nous n'avons
pas pu déterminer de majorités claires. La situation reste donc
ouverte". Au niveau national, les partisans de l'initiative sont
45%, contre 42% d'opposants. Le score promet donc d'être
serré.
Ces chiffres montrent par ailleurs que sur ce sujet, l'opinion de
la grande majorité des gens est déjà faite. "Ce sont des situations
simples et concrètes, que l'on rencontre dans la vie de tous les
jours", commente Claude Longchamp, pour qui il n'est donc pas
surprenant que 13% seulement des sondés soient encore indécis.
Initiative trop technique
A l'inverse, l'initiative contre le droit de recours des
organisations paraît très technique et plutôt difficile à
comprendre. Normal dans ces conditions que 18% des citoyens ne
sachent pas encore ce qu'ils vont voter.
Le sondage laisse prévoir une majorité relative en faveur du oui.
Mais à 42%, les partisans sont très près des opposants (40%). "En
fait, le problème est que même les initiants n'ont pas réussi à
faire bloc, note Claude Longchamp. Les critiques proviennent même
des rangs du PRD, d'où est pourtant partie l'initiative".
"Si les partisans de l'initiative ne parviennent pas à simplifier
radicalement le débat, ce texte sera vraisemblablement rejeté",
ajoute le politologue.
La cause est entendue pour les stupéfiants
En ce qui concerne la loi révisée sur les stupéfiants et les
substances, le résultat est si net (63% de oui contre 20% de non)
que Claude Longchamp se demande s'il sera bien utile de la faire
figurer dans le deuxième sondage.
Si cet objet figure au menu des votations, c'est parce que le
référendum a été demandé.
"On trouve même des partisans jusque dans les rangs de l'UDC,
remarque le politologue. C'est dire que la cause est
entendue".
swissinfo, Christian Raaflaub
(Traduction de l'allemand: Marc-André Miserez)
Les résultats
Loi fédérale sur les stupéfiants: 63% oui, 20% non, 17% indécis
Initiative pour une retraite flexible: 52% oui, 30% non, 18% indécis
Initiative pour la dépénalisation du cannabis: 45% oui, 42% non, 13% indécis
Initiative contre le droit de recours des organisations: 42% oui, 40% non, 18% indécis
Participation: 41%
Le sondage
Pour ce premier sondage sur les votations du 30 novembre 2008, l'Institut gfs.bern a interrogé un échantillon représentatif de 1204 personnes disposant du droit de vote dans toute la Suisse.
Les interviews ont été menées par téléphone entre le 13 et le 20 octobre.
Ceux-ci portent uniquement sur quatre des cinq objets soumis au vote le 30 novembre. Pas de sondage sur le cinquième objet, soit l'initiative populaire "Pour l'imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine"
Cette votation marque les dix ans des sondages de gfs.bern pour le compte de SSR SRG idée suisse.