"Si vous êtes malade, vous prenez une pastille et vous ne demandez pas à votre femme, vos enfants et votre poisson rouge de la prendre aussi. C'est ce qui arrive avec les pesticides de synthèse: on les répand dans la nature pour protéger la plante d'une maladie, mais, en fin de compte, on en envoie dans l'air, sur le sol et sur les micro-organismes qui sont sous la terre."
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Membre du comité d'initiative - qui veut interdire l'utilisation de ces substances dans la production agricole, ainsi que pour l'entretien des paysages - Jean-Denis Perrochet juge qu'il faut "absolument se défaire des pesticides" pour la santé, l'environnement et les générations futures. Selon lui, le projet de l'initiative est "réaliste": "La Suisse compte 8000 agriculteurs qui travaillent en culture biologique, auxquels j'appartiens, et qui montrent qu'il est tout à fait possible de se passer des pesticides."
Mouvement "extrêmement lent"
Et d'ajouter: "Notre initiative ne demande pas la labélisation biologique." Pour le viticulteur d'Auvernier (NE), il ne s'agit pas d'une initiative contre l’agriculture: "La preuve, nous sommes soutenus par cinq associations de paysans."
La fertilité des sols est en chute libre. Il y a toujours davantage de pesticides ou d’engrais qui doivent être utilisés pour maintenir un potentiel de production
S'il reconnaît qu'un mouvement s'est amorcé pour réduire l'utilisation de ces produits, il le qualifie d'"extrêmement lent". "La fertilité des sols est en chute libre. Il y a toujours davantage de pesticides ou d’engrais qui doivent être utilisés pour maintenir un potentiel de production."
Jean-Denis Perrochet estime qu'il y aura "peut-être une petite baisse de rendement, mais elle sera compensée à moyen ou long terme par une augmentation de la fertilité des sols". Selon lui, la transition sera "compliquée", mais la situation écologique vers laquelle on s’achemine si on ne fait rien sera "bien plus compliquée": "On est désormais contraint de dépolluer l’eau potable à certains endroits en Suisse. Il est inadmissible qu’un million de Suisses boivent de l’eau contaminée. Il faut absolument qu’on prenne en compte ces coûts indirects infligés à la société."
Seconde initiative le 13 juin
Il parle également d'une "concurrence déloyale" pour les agriculteurs: "Aujourd’hui, on importe 70% de notre alimentation végétale qui n’est pas contrôlée par rapport à ces produits. On demande aux Suisses de travailler plus proprement, mais, en parallèle, on importe n’importe quoi."
La Suisse devra également se prononcer le 13 juin sur l'initiative populaire intitulée "Pour une eau potable propre et une alimentation saine". Elle demande que les agriculteurs puissent toucher des paiements directs uniquement s'ils respectent diverses exigences écologiques.
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Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Valentin Jordil