Récoltes d'informations par fax, difficultés à établir des données sur les contaminations ou encore protection insuffisante autour de la plateforme "mesvaccins.ch".
Plusieurs exemples récents mettent en lumière un déficit en matière de gestion numérique au sein de la Confédération. Mais déjà avant la pandémie, des départements avaient connu des mésaventures autour de grands projets informatiques. Plusieurs projets de vote électronique ont aussi été avortés.
A Berne, des parlementaires réclament des changements, voire une réorganisation.
"Un problème de ressources"
Pour le conseiller national PLR Marcel Dobler, fondateur de la plateforme Digitec, il faut réagir et créer un département fédéral pour la digitalisation.
"Il est important que des questions de digitalisation, le savoir-faire et les ressources soient centralisées. Il faut éviter que chaque département ne se soucie que de lui-même. Concrètement, dans la gestion de la pandémie, l'OFSP aurait pu puiser du personnel dans une telle structure afin de prioriser et d'aller plus vite. Aujourd'hui, il y a un problème de ressources. Il y a pourtant des gens compétents dispersés au sein de la Confédération. Les regrouper résoudrait le problème", estime le St-Gallois.
Forme d'inertie
Face à la transition numérique, l'administration suisse accumule du retard, selon la conseillère nationale vert'libérale Judith Bellaïche. Pour la Zurichoise, créer un département spécifique serait toutefois s'immiscer un peu trop dans l'organisation de l'Etat. Elle regrette néanmoins une forme d’inertie.
"C'est très difficile parce qu'on a déjà appelé le Conseil fédéral, l'administration, à bien vouloir s'ouvrir à ces nouveaux instruments, mais en fait c'est presque une obstination à refuser les avantages de ces outils. Il faudra peut-être ajouter un peu de pression au Parlement", estime l'élue.
Depuis le début de l'année, le Conseil fédéral dispose d'un délégué à la transition numérique. La Chancellerie fédérale a indiqué que cette unité doit permettre à terme de "meilleures synergies", mais pas de centralisation: chaque département restera responsable de sa transformation.
Julien Bangerter/gma
"Une déliquescence numérique absolue"
Invité dans La Matinale lundi, Jean-Henry Morin, professeur en systèmes d'information, pointe de grandes lacunes dans l'administration fédérale en matière de numérisation.
"On peut faire le constat de déliquescence numérique absolue dans ce pays. Il n'y a aucune forme de gouvernance avérée au niveau de ce que doit porter une transition numérique dans un Etat-nation. On ressent ça dans tous les départements, offices, dicastères, responsabilités, de l'administration publique et de la société", assure le spécialiste.
Selon lui, une absence de leadership se fait sentir. "Personne ne porte cet enjeu au niveau national et il n'y a pas de budget. Si on veut se donner les moyens de cette transition numérique, il faut que ça soit incarné. Il faut un responsable. Soit un huitième conseiller fédéral, soit un office fédéral des affaires numériques", propose-t-il.