Il est plus contagieux, plus virulent et potentiellement plus résistant aux vaccins. Le variant brésilien du Sars-Cov-2, nommé P1, inquiète l'Europe. Après le Portugal et le Royaume-Uni, la France a décidé ce mardi de suspendre toute liaison aérienne avec le pays de Jair Bolsonaro, afin de tenter d'éviter le désastre sanitaire qui se joue au Brésil.
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"Je dois faire une quarantaine durant 10 jours. Mais après 7 jours, je peux faire un test et s'il est négatif, je suis libérée", affirme dans le 19h30 une passagère qui vient d'atterrir à l'aéroport de Zurich mardi, après 11 heure d'un vol direct au départ de São Paulo.
Aucune mesure particulière ne s'applique à l'heure actuelle pour les passagers en provenance du Brésil. Ils sont soumis aux mêmes règles que pour les autres pays à risque de l'OFSP. "Ces mesures semblent avoir été suffisantes pour éviter jusqu'à ce jour une forte propagation de ce virus. Il reste très minoritaire en Suisse, mais il est vrai qu'on doit rester en permanence vigilant", a expliqué Virginie Masserey, cheffe du Contrôle de l'infection à l'Office fédéral de la santé publique.
Les moins de 40 ans aux soins intensifs
Durant le seul mois de mars, le Brésil a enregistré 66'500 morts dues au Covid-19, infectés principalement par le variant P1. Observé pour la première fois dans la ville de Manaus à la mi-décembre, ce variant est désormais majoritaire dans tout le pays. Surtout, il affecte gravement les plus jeunes. La majorité des patients en soins intensifs a moins de 40 ans, selon une information communiquée dimanche par l'Association brésilienne des soins intensifs.
Selon une étude préliminaire, publiée en préprint, la souche P1 serait jusqu'à 2,2 fois plus contagieuse que l'originale et semble avoir une capacité de réinfection plus forte auprès des personnes déjà infectées auparavant, laissant supposer une meilleure résistance aux vaccins.
13 cas en Suisse
Le variant P1 s'est déjà répandu hors des frontières brésiliennes, notamment en Amérique latine. Il représente près de 24% des tests séquencés au Chili et plus de 66% au Costa Rica, selon la plateforme GISAID. Aux Etats-Unis, au Canada et en Europe, le variant amazonien est encore très minoritaire, voire marginal, avec 5% des tests séquencés en Belgique, 2,6% en Italie et 1,8% aux Pays-Bas, les trois pays européens les plus touchés. En Suisse, seuls 13 cas ont été recensés.
Interruption des liaisons aériennes ou renforcement des mesures de quarantaine, des voix s'élèvent en Europe pour exiger une stratégie coordonnée visant à limiter l'importation du variant P1 sur son sol.
Delphine Gianora et Feriel Mestiri