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La réserve fédérale de tests PCR était mal adaptée aux besoins des labos

700'000 tests PCR périmés: que s'est-il passé?
700'000 tests PCR périmés: que s'est-il passé? / Forum / 3 min. / le 13 avril 2021
Le million de tests PCR acquis par la Confédération s'est avéré peu utile, car mal ajusté avec la technologie qui s'est finalement imposée dans la majorité des laboratoires suisses, a appris la RTS mardi. Près de trois quarts d'entre eux, périmés, vont devoir être jetés.

La Confédération va devoir se débarrasser de 740'000 tests PCR périmés, a annoncé dimanche la NZZ am Sonntag: une importante réserve d'un million de tests, achetée pour près de 17 millions de francs, est restée en grande partie inutilisée et a désormais atteint sa date de péremption.

>> Plus de détails : Plus de 700'000 tests PCR périmés dans les stocks de la Confédération

Cette mauvaise évaluation des besoins est liée au type de tests choisis par l’OFSP, a découvert la RTS. Lors de la panique provoquée par la première vague, au printemps dernier, la Suisse manquait de réactifs. Les responsables fédéraux ont estimé qu'il fallait frapper fort et ont passé commande d’un million de kits auprès du fournisseur américain Thermo Fischer.

Or, en regardant de plus près ces tests, on constate qu'ils n'étaient pas vraiment adaptés au marché suisse des laboratoires. L’Office fédéral de la santé publique refuse pourtant de parler d’erreur et insiste sur le besoin d’agir rapidement en raison du risque de pénurie. "Il est parfois difficile d’évaluer à l’avance quel matériel va s'imposer sur le marché", s'est défendu le service de communication de l'OFSP.

Les labos pas consultés en amont

Mais il semble aussi qu'un coup de sonde auprès des gens de terrain a manqué. "Choisir cette technologie n'était pas une bonne option, c'est vrai. Il est dommage que nous n'ayons pas été consultés en amont, parce que nos connaissances dans les laboratoires de diagnostics sont différentes de celles des chercheurs ou des gens qui travaillent dans l'épidémiologie", a ainsi confirmé dans Forum le directeur du laboratoire du CHUV Gilbert Greub.

Choisir cette technologie n'était pas une bonne option. Il est dommage que nous n'ayons pas été consultés en amont

Gilbert Greub, directeur du laboratoire du CHUV

Si les tests achetés par la Confédération ne sont pas ceux qu'il aurait fallu, c'est parce que des technologies de masse se sont rapidement développées pour mener à bien les analyses PCR, un processus assez complexe pouvant nécessiter plusieurs machines et de nombreuses interventions humaines. Très vite, dès le 24 mars 2020, l'équipe de Gilbert Greub a en effet pu disposer de machines, fournies par Roche, qui permettaient de tout centraliser et automatiser.

La technologie choisie pour la réserve fédérale et fournie par l'américain Thermo Fisher, elle, est beaucoup plus lourde à manier. "Cette technologie n'est pas utile pour un laboratoire comme le nôtre. Peut-être que ces tests ont pu être utilisés dans d'autres laboratoires suisses, et j'imagine qu'ils l'ont été, puisque près de 300'000 ont été utilisés, mais c'est clair qu'ils n'ont pas fait l'unanimité parmi les laboratoires de diagnostics", témoigne le directeur du laboratoire du CHUV.

Invendables même à prix cassé

En clair, la plupart des gros laboratoires de Suisse ne travaillent pas avec le type de tests achetés par la Confédération, ce qui explique pourquoi la pharmacie de l'armée peine tant à les vendre, même à prix cassés.

Sur le million de kits de départ, il en reste effectivement 740'000. Selon l'OFSP, toutefois, des discussions sont encore en cours avec les cantons et les laboratoires pour voir s'il est possible de récupérer certains éléments non périmables au sein des kits de test.

Sujet radio: Ludovic Rocchi

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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