L'Office fédéral de la statistique avait annoncé en janvier une surmortalité de 11% en 2020 en Suisse, liée au Covid-19. Certains médias en avaient conclu qu'il fallait remonter à la grippe espagnole de 1918 pour trouver un nombre de décès aussi élevé sur un an.
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Or une étude dévoilée par le Centre universitaire de médecine générale et santé publique (Unisanté) à Lausanne montre des chiffres moins alarmistes. En phase de prépublication, elle indique que la mortalité et l'espérance de vie en Suisse sont revenues au niveau de 2015 en raison de la pandémie de coronavirus.
Unisanté "interpellé" par les chiffres de l'OFS
"En début d'année, nous avons été interpellés par ce premier bilan de l'OFS qui faisait état d'une augmentation de 11% du nombre de décès survenu en 2020, par rapport au nombre prévu", a expliqué l'une des chercheuses d'Unisanté dans le 12h30 de la RTS. Certains médias avaient en effet conclu que la mortalité avait atteint en 2020 des niveaux inédits depuis cent ans.
"Nous nous sommes penchés sur les chiffres", a précisé Isabella Locatelli. "Quand on veut comparer la mortalité entre deux années, on ne peut pas se baser sur le nombre absolu de décès, parce qu'au fil du temps la population change, elle augmente et elle vieillit. C'est ce qui a un impact très important sur le nombre de décès."
Une surmortalité globale de 8,8%
Unisanté a donc utilisé des méthodes de calcul différentes de celles de l'OFS, en pondérant certains facteurs. Résultat: le centre a observé une surmortalité de 8,8%, toutes causes confondues. "Il est clair que cette surmortalité est liée à la pandémie", a souligné la chercheuse. Mais "nous avons estimé ce retour en arrière à environ 5-6 ans et non de cent ans comme cela a été suggéré en début d'année".
L’analyse d'Unisanté par classe d’âge et par sexe montre que la surmortalité observée en 2020 en Suisse a davantage touché les hommes que les femmes, et presque exclusivement les personnes âgées. La surmortalité est significative à partir de 70 ans chez les hommes et de 75 ans chez les femmes. Au-dessous de ces âges, aucune surmortalité significative n’est constatée.
Perte d’espérance de vie de 7,5 mois
Le fait que les jeunes aient été épargnés par la pandémie a eu pour conséquence une diminution générale de l’espérance de vie limitée à 0,7% par rapport à 2019, soit une baisse de 7,5 mois (9,7 mois pour les hommes et 5,3 mois pour les femmes).
Ici aussi, cette diminution correspond à un retour aux niveaux d’il y a environ cinq ans, soit une espérance de vie en 2020 qui demeure supérieure à 81 ans pour les hommes et à 85 ans pour les femmes.
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oang avec ats