Dans certains cantons, l’âge limite pour l’inscription au vaccin a déjà été abaissé à 45 ou 50 ans. Jeudi soir dans l'émission Forum de la RTS, le médecin virologue Didier Trono estimait même qu'il fallait étendre la vaccination à toutes les tranches d'âge des adultes le plus rapidement possible.
Mais en l'état, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) n'y est pas très favorable et garde le cap avec sa stratégie. "Il s'agit avant tout de réduire les maladies sévères, les hospitalisations et les décès", a expliqué la cheffe de la section Contrôle de l'infection et programme de vaccination vendredi dans La Matinale.
"Mais je suis d'accord qu'il ne faut pas attendre trop longtemps pour ouvrir [la vaccination] à de nouveaux groupes dès qu'on a suffisamment de vaccins et qu'on voit que la demande ralentit dans le groupe en cours", concède Virginie Masserey. "Il ne faut pas hésiter à passer au groupe suivant bien sûr".
Un calendrier difficile à établir
En matière de calendrier, l'infectiologue rappelle qu'il n'est pas possible de prévoir combien de personnes voudront se faire vacciner dans chaque catégorie.
"Le groupe des malades chroniques et des personnes âgées est d'environ 2,3 millions de personnes et on estime que trois quarts d'entre elles voudront se faire vacciner", précise Virginie Masserey. "Actuellement, à peu près la moitié de ce groupe a reçu au moins une dose et donc on peut commencer déjà à inclure d'autres groupes à la priorité de vaccination, c'est ce que font déjà plusieurs cantons".
Un quart des 65-74 ans réticents
Parmi les catégories déjà ouvertes à la vaccination, notamment chez les 65-74 ans, il y a aussi un certain nombre de personnes qui ne se précipitent pas pour recevoir leurs piqûres.
"Je n'ai pas d'explication à ça", reconnaît la représentante de l'OFSP. "Certaines personnes ont besoin de plus de temps que d'autres pour se décider et c'est tout à fait acceptable. C'est ce qu'on voit dans les sondages, à peu près un quart de la population hésite".
De pandémie à épidémie
Pourtant, cette vaccination est incontournable pour sortir de la crise sanitaire. "C'est vraiment la clé, mais ce n'est pas la seule", tempère Virginie Masserey. "Le vaccin ne résout pas tous les problèmes. Tant qu'on ne peut pas vacciner les enfants, il restera toujours beaucoup de personnes chez qui le virus pourra se propager. Mais la vaccination est vraiment l'une des clés les plus importantes. Dès qu'on pourra immuniser une grande partie de la population, ce ne sera plus une pandémie. Ce sera peut-être une épidémie".
Propos recueillis par David Berger/oang
AstraZeneca, "un bon vaccin"
Revenant sur la polémique autour du vaccin d'AstraZeneca, avec des cas sévères de thromboses possiblement liés, Virginie Masserey estime que c'est pourtant "un bon vaccin". Elle souligne que l'OFSP est même un peu déçu de ne pas encore avoir pu en bénéficier.
"C'est vrai que c'est un vaccin qui pose aussi des questions", reconnaît-elle tout de même. "On a observé un effet secondaire grave qui semble être en lien avec lui. Même s'il est très, très rare, cela pose effectivement des questions. Donc on est toujours dans l'attente de savoir s'il va être autorisé en Suisse et quand on va l'avoir".
Accélération de la vaccination possible
A partir du mois de mai, les volumes de livraison devraient à nouveau augmenter de manière significative, a annoncé dans un communiqué le Secrétariat général du Département fédéral de l'intérieur (DFI).
La livraison d'au moins 8 millions de doses signifie que l'objectif d'une première vaccination pour toutes les personnes qui le souhaitent d'ici fin juin reste réaliste, en supposant qu'une "livraison convenue avec les fabricants se déroule sans interruption".
La Confédération et les cantons ont convenu que les cantons peuvent désormais puiser dans les réserves de vaccins jusqu'à la fin du mois d'avril. La deuxième dose pourra être garantie grâce aux livraisons à venir. Les cantons peuvent ainsi accélérer le rythme de vaccination et étendre plus rapidement la vaccination à davantage de groupes d'âge, peut-on lire dans le communiqué.