La loi sur le CO2 est pleine d'interdictions, de taxes et de redistributions, ont fait valoir des opposants au texte mardi devant la presse, à l'occasion du lancement de leur campagne. D'après le comité, l'essence et le diesel renchériront de 12 centimes par litre, la taxe sur le mazout et le gaz sera plus que doublée, les chauffages au mazout et au gaz seront pratiquement interdits et une nouvelle taxe allant jusqu'à 120 francs sera introduite sur chaque billet d’avion.
Le comité économique contre la loi sur le CO2 comprend plusieurs associations telles que Commerce Suisse, GastroSuisse, l'Association des propriétaires fonciers HEV, le Centre patronal, ainsi que des associations de la branche automobile et du chauffage au mazout. Une partie des activistes de la Grève du climat sont également dans le camp du non. La semaine dernière, plus de 200 associations économiques et entreprises ont présenté leurs arguments en faveur de la révision.
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Un poids pour les bas revenus
Selon les opposants, les coûts supplémentaires de la loi pèseront lourdement sur les revenus faibles et moyens, les habitants des régions rurales et des zones périphériques ou de montagne qui dépendent de leur voiture. Le texte est antisocial et injuste, a déclaré le conseiller national Christian Imark (UDC/SO). "La loi ne tient pas compte du fait que cela désavantage des personnes dans notre pays, qui en raison de leurs conditions de vie et de travail ne peuvent pas, ou difficilement, modifier leur comportement", estime de son côté la conseillère nationale Diana Gutjahr (UDC/TG).
Alors que la ministre de l'Environnement Simonetta Sommaruga estime que la facture se montera à 100 francs, l'entrepreneur arrive à des charges supplémentaires pouvant atteindre 1000 francs par famille. A cause de la loi, des entreprises à forte intensité énergétique vont déplacer les emplois vers les pays à bas salaires au détriment du climat, a ajouté Christian Imark.
Une double peine
Dans la situation actuelle, il est irresponsable de vouloir imposer encore plus l'économie, a expliqué Casimir Platzer, président de GastroSuisse. La loi va renchérir le carburant, le mazout et le gaz. L’hôtellerie-restauration sera doublement pénalisée avec une augmentation de ses coûts fixes et une baisse de la clientèle à cause de la hausse des prix.
D'après le comité, les mesures préconisées par la loi sont disproportionnées et auront des effets minimes sur le climat. Christophe Reymond, directeur général du Centre patronal, estime que la Suisse est déjà exemplaire en matière de politique climatique. Les émissions de CO2 ont diminué de 24% par habitant ces dix dernières années. En outre, les émissions suisses ne sont responsables que d'un millième des 43 milliards de tonnes de CO2 émises annuellement dans le monde, a avancé le Vaudois.
Le comité référendaire encourage plutôt la Confédération à conclure des accords avec d'autres pays pour une répartition égalitaire des efforts de réduction. Il propose aussi, entre autres, de miser sur les technologies de captage de CO2.
ats/iar
Un large front en faveur de la loi
Pour l'Initiative des Alpes, qui a déroulé ses arguments au même moment mardi dans le village bernois de Guttannen sur la route du col du Grimsel, il faut aller plus loin. Le réchauffement climatique a des effets dramatiques sur les Alpes et provoque des dommages irréversibles, a expliqué Jon Pult, conseiller national PS et président du groupement.
Les régions de montagne couvrent 71% de la surface du pays et un quart de la population suisse y vit. Les températures dans les Alpes augmentent deux fois plus vite que la moyenne mondiale. La députée écologiste valaisanne Brigitte Wolf affirme que le réchauffement climatique n'est pas un scénario d'avenir, mais une réalité. D'après l'Initiative des Alpes, plusieurs mesures inscrites dans la loi pour la période 2022 à 2030 jouent en faveur des régions de montagne. Elles renforcent également les instruments déjà en vigueur dans les domaines de la mobilité, des bâtiments et de l'industrie, et en introduisent de nouvelles.
Pour la première fois, un objectif de réduction de 30% des émissions de CO2 est fixé pour les nouveaux poids lourds d’ici à 2030. Le CO2 émis par les véhicules devra être compensé en Suisse à raison de 20%. Les compensations auront un impact positif pour l'emploi dans les zones de montagne. Et grâce au nouveau Fonds pour le climat, celles-ci bénéficieront d'aide pour mieux se protéger contre les risques naturels.
La loi sur le CO2 est défendue par les cantons, les communes, ainsi que le Groupement suisse pour les régions de montagne. Elle peut également compter sur le soutien de la plupart des partis, des associations environnementales, du TCS, de l'ATE, ainsi que de nombreuses organisations économiques.