Les deux filles se trouvent actuellement dans un camp du nord-est de la Syrie après avoir été, semble-t-il, enlevées par leur mère. Elle avait pris les deux enfants pour des vacances en 2016, et les a emmenées avec elle auprès des djihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Les pères des enfants, qui résident tous les deux à Genève, ont demandé au Conseil fédéral de les rapatrier. Mais jusqu'ici, celui-ci a toujours refusé un possible retour des Suisses partis faire le djihad en Syrie ou de leurs proches.
>> Lire : La Confédération estime ne pas avoir abandonné d'enfants suisses en Syrie
Les enfants ne devraient pas subir les effets "d'être simplement nés d'individus présumés associés à des groupes terroristes", ont affirmé jeudi depuis Genève les vingt experts indépendants.
Détention précaire dans des camps
La mère avait été arrêtée en 2019 par les unités kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), en compagnie de ses filles. La détention des deux enfants dans des conditions précaires, d'abord dans le camp d'al-Hol puis dans celui de Roj, "les expose à toutes sortes d'abus", ajoutent ces spécialistes dont fait partie le rapporteur spécial de l'ONU contre la torture, le Zurichois Nils Melzer.
Les craintes sont renforcées par la situation médicale des demi-sœurs. La plus âgée fait face à plusieurs problèmes dont une blessure à la jambe en raison des violences, ce qui aurait nécessité trois opérations. Les deux manquent probablement des soins dont elles ont besoin.
Droits humains et droit humanitaire bafoués
Ces spécialistes estiment que les enfants retenus pour association avec des groupes armés devraient être reconnus comme des victimes de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire (DIH). Un regroupement familial doit avoir lieu s'il s'avère possible.
La détention de ces filles viole des conventions internationales auxquelles la Suisse est Etat partie, insistent les experts. Ces derniers ajoutent que le Conseil fédéral a la responsabilité de protéger ses ressortissantes contre la menace de violations graves de leurs droits humains.
ats/oang
Le refus occidental des rapatriements
Malgré des demandes répétées de l'ONU ou du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la plupart des Etats occidentaux, comme la Suisse, refusent de faire revenir leurs jeunes ressortissants retenus dans ce pays.
En 2019, le Conseil fédéral mentionnait une vingtaine de ressortissants suisses détenus en Syrie ou en Irak pour des motifs terroristes présumés. Il avait expliqué son refus de rapatrier activement ces individus par des raisons sécuritaires, tout en admettant que ces personnes ont le droit de revenir sur le territoire.
Au total, plusieurs milliers d'enfants de différents pays font face à des conditions similaires dans le nord-est de la Syrie.