"Notre pays, avec son économie qui dépend à 50% de ses relations avec l'étranger, ne peut pas se passer des accords bilatéraux. C'est un minimum vital. Il ne faut pas abandonner ce qui a permis en 2000 de sortir de l'impasse dans laquelle nous nous étions fourvoyés en 1992 avec le refus d'entrer dans l'espace économique européen", estime l'ancien conseiller fédéral PDC Joseph Deiss, interrogé jeudi dans La Matinale.
Face aux critiques virulentes venant de toutes parts sur l'accord-cadre en cours de négociation entre la Suisse et l'Union européenne qui doit solidifier ces accords bilatéraux, la position du Fribourgeois est très claire: "Je le dis haut et fort, c'est un bon accord. C'est plus que ce que n'importe quel autre pays tiers a pu obtenir. Cessons donc de le dénigrer."
Je le dis haut et fort, c'est un bon accord. C'est plus que ce que n'importe quel autre pays tiers a pu obtenir. Cessons donc de le dénigrer.
Des compromis à trouver
Et en réponse à celles et ceux qui pointent du doigt des défauts insurmontables, proposant même de quitter la table des négociations, Joseph Deiss, lui, ne veut pas oublier les éléments positifs qu'apporterait cet accord et parle de compromis à trouver entre la Suisse et l'UE. "Il faut que de part et d'autre, à gauche et à droite, on descende de ses grands chevaux. Il est possible de trouver des solutions sur les points litigieux."
Parmi ceux-ci figure la question de la protection des salaires. L'ancien président de la Confédération voit de la part des "vieux briscards syndicalistes" un excès de protectionnisme. "On va finir par défendre des places de travail qui n'existeront plus."
Autre pierre d'achoppement, la souveraineté suisse qui serait alors sacrifiée selon certains. "L'absentéisme n'est pas une stratégie. C'est en étant présent, en accédant aux marchés et en participant aux décisions que l'on est souverain. Ce n'est pas en faisant la tête dans son coin", martèle celui qui a siégé au Conseil fédéral entre 1999 et 2006.
Laisser le peuple décider
"Tous ceux qui veulent étouffer ou éliminer ce dossier oublient nos principes démocratiques. Si on arrête l'exercice maintenant, on empêche la population de voter. Et au final, on l'oublie trop souvent actuellement, c'est au peuple de décider", relève Joseph Deiss
Quitte à subir une large défaite dans les urnes? "Bien sûr qu'il faut tenir compte de la possibilité d'un échec, mais je suis loin de penser qu'un référendum sur cette question serait perdu. Et si on n'a plus le courage de courir le risque de passer devant le peuple, ne faisons plus de réclame pour notre démocratie directe", conclut l'ancien conseiller fédéral.
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Propos recueillis par David Berger
Adapation web: Andréanne Quartier-la-Tente
Des socialistes pro-européens appellent à un débat au sein du PS
La frange pro-européenne du Parti socialiste se réveille. Face à la défiance de leurs camarades envers l'accord-cadre avec l'UE, des ténors et ex-ténors du parti, dont l'ancien conseiller fédéral Moritz Leuenberger, réclament dans une lettre un débat au sein du PS sur le sujet.
Datée du 28 avril, la missive, que s'est procurée l'émission 10 vor 10 de la télévision alémanique SRF, est adressée à la coprésidence du PS ainsi qu'au chef du groupe socialiste aux Chambres fédérales, le Vaudois Roger Nordmann.
Les auteurs de cette lettre prennent le contrepied de l'aile syndicale du parti, d'où proviennent les critiques plus virulentes. Pour celle-ci, l'accord-cadre menace la protection des salaires en Suisse.
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