"La situation devient de plus en plus instable et de moins en moins sûre en Europe et dans le monde entier", a expliqué jeudi à Berne la ministre de la Défense Viola Ahmerd.
Le précédent rapport de la politique de sécurité datait de 2016. Depuis lors, la compétition entre les grandes puissances s'est renforcée, le développement technologique a produit de nouvelles menaces et la société s'est davantage polarisée, a estimé Pälvi Pulli, cheffe de la politique de sécurité du Département fédéral de la défense (DDPS).
Cybermenaces
Le nouveau rapport fixe neuf priorités à poursuivre pour la politique de sécurité suisse. Il s'agit notamment de renforcer la détection précoce des menaces et la protection contre les cybermenaces, de mettre davantage l'accent sur la gestion des conflits hybrides et d'enrayer le terrorisme, l'extrémisme violent ainsi que la criminalité organisée.
En cas de crise, la sécurité et la résilience de l'approvisionnement doivent être renforcées, alors que la protection en cas de catastrophes et des situations d'urgence doit être améliorée. Par ailleurs, la formation libre et non biaisée de l'opinion doit être encouragée.
Les mesures à prendre pour atteindre ces objectifs concernent différents domaines politiques qui devront travailler de manière coordonnée pour les atteindre.
Assurer l'approvisionnement
La cheffe de DDPS a classé les catastrophes naturelles et les pandémies parmi les plus grandes menaces pour la Suisse. "Le monde est bien plus interconnecté qu'il y a 20 ans, le danger est bien plus grand", a ajouté la Valaisanne à propos des pandémies.
La pandémie de coronavirus a démontré la vulnérabilité du pays face à des catastrophes ou des situations d’urgence. Le risque que de tels événements se reproduisent dans les années à venir augmente, selon les experts.
Pour faire face, la Suisse doit se préparer à des problèmes d’approvisionnement de longue durée. Elle entend accroître sa sécurité d’approvisionnement s’agissant de biens et de services critiques, de première nécessité et importants pour la sécurité. Elle compte parallèlement réduire les dépendances et les vulnérabilités dans des domaines liés à la capacité de fonctionnement et à la sécurité du pays et de sa population.
Menace djihadiste
Par ailleurs, la menace djihadiste va persister, comme l'ont montré l'année dernière les attaques à Morges (VD) et Lugano (TI). La Suisse devrait toutefois continuer à être une cible secondaire, sauf si certaines de ses décisions politiques étaient perçues comme étant hostiles aux musulmans ou à l’islam.
Pour autant, les menaces existantes n'ont pas disparu: un risque de conflit à la périphérie de l'Europe existe. La Suisse, en tant que membre de la communauté des Etats européens, serait aussi directement concernée par un tel conflit.
ats/jpr
Hausse des cyberattaques
Une hausse des cyberattaques chinoises, iraniennes et russes à des fins d'espionnage est observée en Suisse. Elles représentent une menace élevée pour les autorités, l’armée, les organisations internationales et les représentations étrangères sises à Genève, ainsi que les secteurs financier et technologique.
Ainsi, le Laboratoire de Spiez est devenu une cible dans le cadre des vastes activités d’influence menées dans le contexte de la tentative d’assassinat de l’agent russe Skripal, détaille le rapport.
Le DDPS prévoit l'entrée en fonction d'un commandement cyber d'ici 2024, a précisé Viola Ahmerd. Les services de renseignement recrutent actuellement davantage de personnel pour mieux détecter les tentatives de désinformations. Mais le budget de l'armée ne va pas augmenter pour autant. Ces menaces influencent les priorités internes de l'armée.