"Solidaires, pour une justice sociale féministe et climatique", pouvait-on lire sur la banderole placée en tête du cortège qui a réuni environ 2000 personnes à Genève. Après des mois de confinement liés à la pandémie de Covid-19 et de limitation du droit de manifester, le Comité d'organisation a de nouveau pris la rue et fait connaître les revendications des travailleurs dans l'espace public.
A côté des syndicats et des partis de gauche, des membres de la Grève pour l'avenir et de la Grève féministe ont défilé, annonçant les manifestations du 21 mai, pour le climat, et du 14 juin, pour les droits des femmes.
Des rassemblements ont également eu lieu dans les autres grandes villes de Suisse avec un millier de personnes à Bâle ou 500 à Lausanne. A Berne et Zurich, la police était sur les dents en raison de manifestations non autorisées. Une quarantaine d'actions au total étaient annoncées dans toute la Suisse.
"Un demi-million de ménages au chômage"
L'USS relève que les inégalités se sont accrues avec la pandémie. "On compte en Suisse près d'un demi-million de ménages au chômage, a dit le président de l’USS Pierre-Yves Maillard en streaming samedi après-midi. Cela signifie 20% de baisse de revenu et l'angoisse de ne pas retrouver une place de travail." A niveau mondial, les pertes d'emploi sont chiffrées à 255 millions, selon des données de l'Organisation mondiale du travail (OIT), cités par le conseiller national (PS/VD).
Selon lui, il s'agit de s'occuper en premier lieu des jeunes "qui ont beaucoup sacrifié" à la crise. Il défend la mise en place d'une politique publique pour eux, que ce soit pour trouver une place d'apprentissage cet automne ou une place de travail à la fin de la formation.
Le domaine des soins suit de près. "Les cantons et les patrons doivent comprendre qu'il faut investir pour renforcer la première ligne", a-t-il dit, en insistant qu'il s'agit "d'un investissement et non d'un coût". Viennent ensuite la culture, la gastronomie et le tourisme, des secteurs qui auront besoin d'une politique de relance selon lui.
Revendication d'UNIA
Constatant une aggravation des écarts sociaux qui risque d'entraîner une profonde division sociale, Vania Alleva, présidente du syndicat UNIA, revendique des actes. Il s'agit d'abord de procéder à un rééquilibrage social avec une augmentation de l'indemnisation du chômage partiel à 100% pour les salaires nets jusqu'à 5000 francs, c'est-à-dire davantage que ce que le Parlement a fixé.
De nouvelles conventions collectives de branche de force obligatoire sont nécessaires pour UNIA dans les métiers "essentiels" peu réglementés dans le secteur des services. Enfin, les entreprises fermées pour cause de pandémie doivent être exonérées de loyer.
ats/vajo
Déclaration d'Alain Berset
La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga et son collègue Alain Berset ont aussi appelé à la solidarité le 1er Mai. La Bernoise avait déjà rendu visite à des vendeuses à Lausanne vendredi à l'occasion de la fête du travail.
Elle a défendu l'égalité des salaires et des conditions de travail réglementées par des CCT. La branche du commerce de détail emploie plus de 300'000 personnes en Suisse.
>> Lire aussi : Simonetta Sommaruga: "Il faut tirer les leçons de la pandémie" dans le commerce de détail
"La crise du coronavirus a un point commun avec d'autres crises", a relevé Alain Berset samedi sur twitter: ce sont "les plus faibles souffrent le plus. Cela vaut non seulement pour les conséquences sanitaires, mais aussi pour les conséquences économiques."
Santé au travail et télétravail
La pandémie et le télétravail pèse sur le moral des travailleurs, a expliqué dans le 12h30 David Grandjean, responsable de la sensibilisation et diffusion de la gestion de la santé en entreprise au sein de la fondation Promotion Santé Suisse.
Le spécialiste reconnaît que le télétravail comprend de nombreux avantages, notamment en matière de vie familiale. Mais "les gens ont eu tendance à travailler plus" et "il faut faire attention, car ce n'est pas une recette miracle".
La pandémie est toutefois une bonne opportunité pour "créer de nouveaux modèles de travail", avec "un bon équilibre entre une présence en entreprise et à la maison", estime encore David Grandjean.
En France, des milliers de manifestants malgré la pluie et le Covid-19
Défense de l'emploi et des libertés: pour la deuxième année consécutive, les syndicats célébraient samedi la journée internationale des travailleurs à l'aune du Covid-19, mais cette fois la mobilisation sociale a repris des airs classiques, avec des milliers de manifestants dans la rue.
Après un 1er-Mai 2020 confiné, "nous reprenons nos bonnes habitudes", s'était réjoui par avance Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, qui a comptabilisé près de 300 manifestations dans l'Hexagone.
La CGT a appelé, avec FO, la FSU et Solidaires à faire du 1er-Mai une "journée de mobilisation et de manifestations", "pour l'emploi, les salaires, les services publics, la protection sociale, les libertés et la paix dans le monde".
Revendications très variées
Au total, plus de 150'000 personnes ont manifesté dont 25.000 à Paris, malgré la pluie et le Covid-19, a annoncé samedi la CGT à l'AFP.
En 2019, le ministère de l'Intérieur en avait comptabilisé 164'000 et la CGT 310'000. L'année dernière les syndicats avaient organisé un 1er-Mai virtuel en raison des restrictions liées au confinement.
Emploi, salaires, gestion de la crise du Covid-19 par le gouvernement, restrictions des libertés...: dans les cortèges, les revendications étaient variées, la contestation de la réforme de l'assurance-chômage revenant de façon récurrente.