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L'arbre en ville, un allié contre le réchauffement face à de nombreux défis

Une vue aérienne de la ville de Genève. [Keystone - Leandre Duggan]
Quinze minutes - Végétaliser les centres urbains / 15 minutes / 14 min. / le 1 mai 2021
L'arbre est à la mode dans les villes. En Suisse et en Europe, de plus en plus de centres urbains se lancent dans des campagnes de plantation massive pour rafraîchir l'atmosphère lors des canicules. Mais faire pousser un arbre en ville est un véritable défi.

A Genève, où les citoyens se mobilisent régulièrement contre l'abattage d'arbres, la question est sensible. Le 26 avril, le conseiller administratif vert Alfonso Gomez a rappelé que l'arbre est désormais une de ses priorités. Plus de 500 arbres ont ainsi été plantés la saison dernière. C'est trois fois plus que d'habitude.

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"Notre objectif est de planter au minimum 500 arbres par année. Et pour chaque arbre abattu, nous voulons en planter 3 à proximité", explique l'élu écologiste dans le reportage Quinze Minutes. Il précise que si des arbres sont coupés, c'est qu'ils sont dangereux pour la population ou morts.

Espace disponible limité et réchauffement

Mais planter un arbre au milieu du bitume pose de nombreux défis, explique Caroline Paquet-Vannier, dendrologue au service des espaces verts de la Ville de Genève. "Sur le papier on est tous d'accord de planter plus d'arbres, mais il faut prendre en compte plein de paramètres de l'environnement urbain. On peut avoir des sous-sols truffés de réseaux (conduites de gaz, canalisations, réseaux électriques...) qui limitent l'espace disponible" ou "un environnement très construit, avec de la réverbération qui assèche l'arbre", énumère la spécialiste.

"Le réchauffement climatique nous oblige aussi à réfléchir à quelles espèces d'arbres on introduit", ajoute Caroline Paquet-Vannier. "On essaie toujours de valoriser les espèces indigènes, parce que ce sont elles qui accueillent un maximum de biodiversité, Mais certaines, comme le charme, sèchent beaucoup aujourd'hui". Il faut donc s'adapter et introduire des espèces méditerranéennes, comme le chêne vert ou le chêne pubescent, "qu'on pense être résistants à l'avenir".

"Dans 100 ans, on aura a priori plus d'arbres à petites feuilles, parce que ces espèces résistent mieux au sec. Mais aussi beaucoup de feuillages plus gris ou argentés, en raison des petits poils présents sur les feuilles qui permettent de mieux réguler la transpiration. Une ambiance méditerranéenne va s'installer", complète Caroline Paquet-Vannier.

Connaître les sous-sols pour favoriser les grands arbres

Pour l'architecte et urbaniste Monique Keller, il faut absolument développer une stratégie globale et s'intéresser aux sous-sols de nos villes, pour avoir une chance de conserver de grands arbres à l'avenir.

Pour cette experte indépendante de l'espace public, planter des arbres sur un parking sous-terrain est problématique, car "on sait très bien qu'ils ne vont pas pouvoir grandir". En général ces plantes ne survivent pas et il faudra les remplacer au bout d'un certain temps. Avec 20 à 30 centimètres d'humus, il est impossible d'avoir des "arbres majeurs", résume-t-elle.

"C'est vite dit, 'on va planter mille arbres', on l'entend partout. Mais où et comment? Quand on creuse un peu, on voit que la réflexion n'est pas aboutie". "Si vous voulez avoir des arbres, il faut surtout les planifier au niveau du sous-sol. Il faut donc développer un urbanisme du sous-sol", plaide celle qui est aussi commissaire de l'exposition Lausanne jardins.

Martine Clerc, Coraline Pauchard

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