Le Groupement romand d'études des addictions (GREA) et plusieurs organisations proposent une semaine de dialogue et de prévention avec les professionnels, les personnes concernées et le public. En Suisse, 250'000 personnes y sont dépendantes, selon Addiction suisse.
"Nous avons observé différentes tendances. Pour les personnes qui avaient un rapport social et festif à l'alcool, la pandémie de Covid-19 fut l'occasion de commencer une réflexion sur leur consommation, voire de faire une pause", explique Marie Cornut, chargée de projet au GREA, interrogée lundi dans le 12h45.
"Risque de s'isoler"
Pour d'autres personnes, qui avaient une consommation "plus problématique" avant le Covid-19, le GREA a observé une augmentation. "Ce qui nous inquiète, ce sont les personnes qui boivent seules chez elles des canettes d'alcool importées à bas prix", décrit-elle. "Nous essayons de mettre en avant le risque de s'isoler et de boire de manière excessive."
Marie Cornut estime que le problème actuel est qu'on se retrouve dans un contexte de "prohibition de la fête": "Cela complexifie notre travail puisque, habituellement, les professionnels de la prévention se retrouvent sur les milieux festifs pour mettre en place des mesures de prévention, de réduction des risques. Actuellement, lorsque les manifestations sont plutôt clandestines, il est beaucoup plus compliqué d'aller soutenir et accompagner les dérapages."
Différence selon les habitations
Dans le 12h30, la directrice du site d'informations et de conseils pour les jeunes Ciao.ch Marjory Winkler explique que les jeunes se sont "réinventés" pour faire la fête. "Pour les jeunes qui vivent en milieu urbain, par exemple, il était plus difficile de se voir en raison de la taille des appartements et des contraintes logistiques. Pour ceux qui habitent à la campagne, il était plus facile de trouver un local ou un garage."
Si ces fêtes sont difficiles à quantifier, Marjory Winkler estime que les jeunes "n'ont pas toujours respecté les règles des cinq à dix personnes maximum", mais ils "n'ont pas non plus abusé". Elle ne peut, non plus, chiffrer si la consommation d'alcool chez les jeunes a augmenté.
Consommation avec les parents
"Nous avons plusieurs jeunes qui nous expliquent avoir commencé à consommer avec leurs parents au lieu des copains (...) comme les sorties étaient limitées. Il est difficile de prévoir s'il y aura un impact plus tard."
Et d'ajouter: "Il y a des études en Europe qui montrent que si le sujet de l'alcool est discuté en famille, il ne sera pas banalisé et les jeunes n'en consommeront pas plus. Par contre, s'il devient tabou ou un automatisme, les conséquences pourraient être plus graves."
Propos recueillis par Claire Burgy et Nadine Haltiner/vajo