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Le SEM sous pression après les révélations sur ses centres pour requérants

Deux demandeurs d'asile photographiés devant le centre d'asile fédéral de Perreux lors d'une visite de presse le mercredi 11 mai 2016. [Keystone - Manuel Lopez]
Dysfonctionnements au sein du SEM: la réaction de Fabian Molina (PS/ZH) / La Matinale / 2 min. / le 6 mai 2021
La Confédération a-t-elle encore le contrôle de ses centres pour requérants d'asile? La question se pose après l'enquête de la RTS, de Rundschau et de la Wochenzeitung, qui met en lumière "un usage de la force abusif" et des rapports trafiqués. Le Secrétariat aux migrations a réagi à ces informations mais reste sous pression.

"Les reproches sont d'une ampleur qui m'ont conduit à ouvrir une enquête externe". Les mots du secrétaire d'Etat aux migrations Mario Gattiker laissent entrevoir le malaise provoqué par les révélations de la RTS, de l'émission Rundschau de la SRF ainsi que de la Wochenzeitung. Un audit interne est aussi en cours et le SEM a fait suspendre 14 employés de sociétés privés en charge de gérer des centres fédéraux.

Selon cette enquête, plusieurs centres fédéraux d'asile sont touchés par des cas de mauvais traitements et l'usage abusif de la force contre des requérants, notamment à Boudry (NE). En outre, des rapports sont parfois truqués par les agents de sécurité pour se couvrir.

>> Revoir le reportage du 19h30 qui revient sur les abus et violences dans les centres de requérants :

Des abus et violences répétés ont eu lieu contre des requérants d'asile dans les centres fédéraux. Notre enquête.
Des abus et violences répétés ont eu lieu contre des requérants d'asile dans les centres fédéraux. Notre enquête. / 19h30 / 3 min. / le 5 mai 2021

>> Relire l'enquête de la RTS et de SRF : Bavures et rapports trafiqués: la sécurité dérape dans les centres fédéraux d'asile

Une enquête parlementaire

Les mesures concrètes en restent pour l'instant à l'étage de l'administration mais le monde politique s'intéresse déjà de près à ces dysfonctionnements: des interpellations ont été déposées au Parlement et une commission de surveillance du Conseil national a ouvert une enquête. Selon son président, l'UDC Alfred Heer, elle a observé sur le terrain des problèmes entre agents de sécurité privés et requérants.

"On doit d'abord faire l'enquête et ensuite en tirer les conclusions, mais la focale doit être sur la proportionnalité des mesures à l'encontre des requérants et la formation des gens qui sont dans le domaine de la sécurité ou responsables pour la sécurité de ces centres", explique-t-il.

"La privatisation pose des problèmes"

Pour le conseiller national socialiste Fabian Molina, le coeur de ces dysfonctionnements est lié aux mandats confiés à des sociétés privées. "Les personnes n'ont ni les compétences ni la formation pour s'occuper de ces centres", juge-t-il.

L'élu zurichois va même jusqu'à demander que ces établissements soient repris en main par l'Etat: "Je suis convaincu qu'il y a des compétences qui doivent rester à la Confédération. Dans le cadre du monopole de la violence, la privatisation pose évidemment des problèmes (...) je crois que c'est un devoir de la Confédération de garantir la sécurité dans ces centres. La police a les compétences et la formation pour s'occuper de ces problèmes", ajoute-t-il.

>> Revoir l'interview de Philippe Bauer dans La Matinale :

Scandale des violences dans les centres d'asile: Interview de Philippe Bauer, conseiller aux États neuchâtelois (vidéo)
Scandale des violences dans les centres d'asile: Interview de Philippe Bauer, conseiller aux États neuchâtelois (vidéo) / L'invité-e d'actualité / 8 min. / le 6 mai 2021

Pas une question de système

Invité de La Matinale jeudi, le conseiller aux Etats neuchâtelois Philippe Bauer se veut moins catégorique. S'il juge totalement "inacceptables" et "intolérables" ces agissements, à la condition qu'ils soient avérés, l'élu PLR estime que la question n'est pas celle du public ou du privé.

"Le problème n'est pas de savoir si c'est le privé ou le public qui doit gérer les centres. La question est de savoir qui s'est rendu coupable d'infractions et comment on remédie à ces problèmes. Dans les administrations, vous avez aussi des personnes qui, parfois, se comportent mal, des municipaux qui ont commis un certain nombre d'abus ou des fonctionnaires de police qui sont renvoyés devant les tribunaux", explique Philippe Bauer.

Le Neuchâtelois juge par ailleurs qu'il est important de savoir s'il s'agit là d'un "problème de personnes" ou de "système". A titre personnel, il dit croire encore à "des cas isolés" mais estime que si l'enquête devait prouver le contraire, il faudrait alors prendre des mesures. "Il s'agira alors d'exiger plus de formations pour ces employés de sociétés privées, plus de contrôles et aussi un contrôle externe, parce que ce qui est frappant, c'est de voir finalement que la même personne peut se comporter de manière inadmissible et faire elle-même un rapport."

>> L'interview de Michaël Buffat dans La Matinale :

Michaël Buffat est le seul UDC en lice pour le Conseil d'Etat vaudois. [Keystone - Gaetan Bally]Keystone - Gaetan Bally
Dysfonctionnements dans des centres fédéraux d'asile, interview de Michael Buffat / La Matinale / 54 sec. / le 6 mai 2021

Une position que partage le conseiller national UDC Michaël Buffat. Si l'élu vaudois juge aussi ces actes "choquants" s'ils sont avérés, il estime également qu'il s'agit de cas individuels: "Même si la pression est forte pour certains agents de sécurité, cela ne justifie pas le comportement inadéquat qu'ils ont eu mais cela reste des cas de personnes. Je ne crois pas que c'est le système qui est erroné", explique-t-il.

>> Le sujet de Forum sur les abus dans les centres fédéraux d'asile :

Des témoignages font état d'abus dans les centres fédéraux d'asile
Des témoignages font état d'abus dans les centres fédéraux d'asile / Forum / 5 min. / le 5 mai 2021

ther

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