Un déplacement dans un centre de vaccination peut-il être considéré comme une consultation médicale urgente justifiant une absence payée? Pour les CFF, La Poste et la Migros, la réponse est non.
Interrogé dans le 19h30 de la RTS, le porte-parole de La Poste Laurent Savary explique ainsi que "le temps nécessaire à la vaccination pour un collaborateur de La Poste n’est pas considéré comme un temps de travail, c'est-à-dire qu'on le considère comme un rendez-vous chez un médecin ou un dentiste."
Pas de base légale
Or, cette considération n’a pas de base légale. Dans le droit du travail, aucun article ne peut être rapporté à la campagne de vaccination actuelle. Mais pour le professeur Rémy Wydler, la réponse ne fait guère de doute.
Pour ce spécialiste du droit du travail, "le temps consacré à la vaccination peut être considéré comme du temps de travail et donc rémunéré, car il s’agit d’une urgence sanitaire et la vaccination répond à un besoin d’intérêt public. Il faut aussi considérer que la prise de rendez-vous est difficile à obtenir", fait-il valoir.
Pour les syndicats, il est évident que la vaccination doit être comptée comme du temps de travail. Selon Dominique Gigon, responsable de Syndicom, le syndicat le mieux représenté à La Poste, l’annonce de la société de service postal sur la vaccination a fait grincer des dents à l’interne.
Le syndicaliste rapporte ainsi que "le message pour les employés est catastrophique. Dire à des gens qui ont perdu plus d'une année à travailler tous les jours, même pendant le confinement strict, qu'ils doivent se faire vacciner en dehors de leurs heures de travail, c’est évidemment très mal reçu", assène-t-il.
Et la vaccination en entreprise ?
Le responsable syndical admet les considérations financières de l'employeur, mais souligne toutefois que "si l'on avait fait des centres de vaccination sur les lieux de travail, on ne perdrait pas de temps de travail".
Annoncée comme pouvant être la solution, la vaccination en entreprise se met très timidement en place. De premières expériences sont menées en Suisse alémanique depuis le début de ce mois, mais elles tardent à se généraliser dans l’ensemble du pays.
Claude-Olivier Volluz/aes