Pour attirer les touristes, la Suisse dispose d'atouts naturels comme ses montagnes ou ses lacs, mais elle manque parfois cruellement de visages, de célébrités à même d'attirer les voyageurs. Ce constat, c'est Nicolas Bideau qui le faisait en 2018 sur le plateau d'Infrarouge.
Le directeur de Présence Suisse expliquait que Federer représentait en cela un contrepoids énorme et vantait ses qualités d'ambassadeur du pays: "Roger Federer est la seule personne qui est reconnue immédiatement et, en plus de cela, les valeurs qu'on peut ressentir à travers lui, notamment son jeu, sa fiabilité, sa qualité, sa durabilité, son fairplay, incarnent terriblement cette Suisse".
Il ajoutait que, quand il a une belle saison, Roger Federer comptait pour "10 à 15% de la couverture médiatique totale sur la Suisse à l'étranger".
"C'est le bon moment pour moi d'aider le pays"
Suisse Tourisme est sans doute arrivé aux mêmes constats en signant un partenariat avec le détenteur de 20 titres du Grand Chelem. De son côté, le Bâlois semble d'ailleurs avoir accepté cette proposition de bon coeur, car si le montant du contrat n'a pas été divulgué, toutes les indemnités seront utilisées pour venir en aide aux enfants défavorisés du pays via sa fondation.
Quelques jours après une vidéo promotionnelle avec Robert de Niro qui a fait sensation, le joueur a donc expliqué au New York Times les raisons pour lesquelles il a décidé de s'engager pour le pays, avant de partager, avec une certaine gourmandise, le nom de ses plats préférés et de ses randonnées favorites.
"C'est le bon moment pour moi de le faire maintenant. J'ai l'impression d'avoir toujours représenté la Suisse, mais le faire dans une mission officielle est une bonne chose (...) Je connais très bien le tourisme ici et je sais à quel point tout le monde souffre en ce moment. C'est donc le bon moment pour moi de me mettre au travail et d'aider le pays, car nous espérons rouvrir bientôt."
Visiter les classiques
Pour les recommandations, Roger Federer n'a peut-être pas fait dans l'originalité en préférant sans doute rappeler les classiques d'une Suisse encore souvent méconnue aux Etats-Unis. Il conseille ainsi le Pont de la chapelle à Lucerne, les chutes du Rhin à Schaffhouse, la vieille ville de Berne, Interlaken, Zurich, la Jungfrau ou encore, et sans surprise, Bâle.
Mais le champion n'en oublie pas pour autant de souligner la diversité culturelle et linguistique de la Suisse: "Nous avons quatre langues distinctes ici en Suisse, ce qui rend nos cultures très différentes. Je viens de Bâle et j'ai un accent bâlois, mais si vous conduisez pendant une demi-heure, l'accent change et les gens sont aussi un peu différents", explique-t-il au journal new-yorkais.
La Suisse romande et le Suisse italienne ne sont pas oubliées. Roger Federer encourage ainsi les gens à découvrir les sentiers de randonnées tessinois, le Montreux Jazz Festival ou encore Genève.
Sur le plan culinaire, il souligne bien entendu l'excellence du chocolat suisse, mais évoque aussi les rösti, le bündner Nusstorte des Grisons, l'émincé de veau à la zurichoise et le cordon bleu.
Des secteurs en crise
Avec Roger Federer, Suisse Tourisme espère bien relancer un secteur encore passablement sinistré. En 2020, l'hôtellerie a connu un recul de 40% des nuitées par rapport à 2019 et de 66% concernant la clientèle étrangère.
La culture, elle aussi frappée de plein fouet par les fermetures imposées au cours des derniers mois, cherche également un second souffle. Dans son interview, le nouvel ambassadeur n'a donc pas oublié d'encourager les touristes américains à visiter le musée d'art de la Fondation Beyeler, le musée Tinguely ou encore, à Lucerne, le Musée Suisse des Transports.
Il faudra bien sûr du temps avant de savoir quel impact concret aura cette campagne. En attendant, Roger Federer pourra profiter des bords du Léman dès le 15 mai. Le Bâlois participera en effet pour la première fois de sa carrière au Geneva Open.
Tristan Hertig