En Suisse, 4000 bâtiments sont démolis chaque année. Avec eux, des fenêtres, charpentes et autres revêtement de sol finissent à la décharge. Au total, cela correspond à 75’000 tonnes d'éléments de bonne qualité qui pourraient être réutilisés.
C'est ainsi qu'est né le réemploi, une pratique qui rencontre de plus en plus de succès. Ce mouvement est d'abord parti d'architectes soucieux d'une meilleure utilisation des anciens matériaux.
"D'abord, on essaie d'attirer l'attention du client sur les choses qui ont beaucoup de valeur. Ensuite, si on voit que malgré tout, à cause du projet, du nouveau système de chauffage, ou de différents éléments, du matériel devra partir à la benne, alors à ce moment-là, on enclenche le plan réemploi", explique au 19h30 Mélissa Vrolixs, membre du bureau d'architecture Marginalia.
Valoriser les matériaux réutilisables
Le réemploi prend aussi des dimensions plus grandes. A Genève, l'association Materiuum se donne pour objectif de valoriser et collecter des matériaux réutilisables destinés à être jetés, en provenance des milieux de la construction et culturels de la région.
"On fait maintenant des inventaires qui sont très carrés, avec des prises de mesure, des photos, pour connaître l'état, savoir s'ils sont démontables. Grâce à ces inventaires, on peut arriver à se dire 'tiens on connaît ce type de client qui pourrait être intéressé' et de le diffuser autour de nous ", raconte Vincent Burais, membre de Materiuum.
La plupart de ces matériaux sont ensuite amenés dans un entrepôt, où ils sont reconditionnés et revendus à bas prix.
"On a un stock qui n'est pas très grand, on a 370 mètres carrés au total. On va donc privilégier la petite matière, les éléments de sanitaire, la quincaillerie, la visserie, les luminaires ", précise Raphaël Bach, également membre de Materiuum.
Peu d'obligations
Les propriétaires ne sont néanmoins soumis qu'à peu d'obligations lors de la destruction d'un de leurs biens.
"La législation nous impose un certain nombre de critères. Aujourd'hui c'est surtout en lien avec la quantité, le volume qu'on va devoir évacuer. Il y a également la question des substances dangereuses, qui est une contrainte assez importante. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, faire appel à l'association Materiuum, c'est une volonté d'ouvrage", déclare Anthony Joss, chef de projet à la Caisse de prévoyance de l'Etat de Genève (CPEG).
La situation pourrait toutefois évoluer. Dans plusieurs cantons, des projets de lois sont en discussion pour rendre obligatoire cette démarche qui repose aujourd'hui sur une base volontaire.
Sujet TV: Delphine Gianora et Aurore Vervaeke
Adaptation web: Antoine Schaub