Chaque année en Suisse, une centaine de personnes décident de donner un rein ou une partie du foie de leur vivant pour sauver un proche, le plus souvent leur enfant, leur frère, leur soeur ou leur conjoint.
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Parfois, elles le font pour un ami. C’est le cas de Daniela Devaud. Cette habitante de la région de la Côte, dans le canton de Vaud, a donné un rein, il y a onze ans, à son amie Natacha Jambers. "A l'époque, j'étais la maman de jour de ses enfants", raconte-t-elle. "Puis on est peu à peu devenues copines."
"C'était une évidence, c’était naturel"
Natacha Jambers souffre d’insuffisance rénale, elle a déjà subi deux greffes et doit commencer les dialyses. A la clé, des prises de poids, des chutes de tension et une santé qui se dégrade. "C’était difficile à voir", se souvient Daniela Devaud. "Alors au moment où on a parlé de greffe, c’était logique que j’aille faire les tests pour voir si j’étais compatible ou pas. Pour moi, c'était une évidence, c’était naturel."
Le 13 avril 2010, c’est le jour de l’opération au CHUV, à Lausanne. L’intervention se passe bien. Depuis, les deux amies sont suivies régulièrement, mais leur santé est bonne. Natacha Jambers prend quotidiennement un traitement anti-rejet.
Aujourd’hui, les deux femmes sont très liées: "Je ne suis pas certaine qu'il y ait des mots pour expliquer comment je vis le geste de Dani", explique Natacha. "Mais une chose est sûre, on est liées pour la vie. Elle est une part de moi."
"On vit très bien avec un seul rein"
Au CHUV, à Lausanne, on greffe en moyenne entre 50 et 60 reins par an, la moitié grâce à des donneurs vivants. "On vit très bien avec un seul rein", explique Jean-Pierre Venetz, néphrologue responsable des donneurs vivants et du suivi des greffés.
"En Suisse, on a un registre national qui existe depuis 1993. Tous les donneurs sont inscrits dans ce registre et sont suivis. Et on s’aperçoit qu'ils ne sont pas plus malades que les autres, qu'ils n'ont pas plus de problèmes de santé et qu'ils vivent aussi longtemps que le reste de la population générale."
Pour le spécialiste, la greffe à partir d'un donneur vivant a de nombreux avantages et est donc privilégiée par rapport à une greffe d’un organe issu d'une personne décédée: "La fonction de l'organe est plus longue. Autre avantage important, on peut planifier l’intervention et on n’a pas deux, trois ou cinq ans d’attente."
Martine Clerc/asch
Don d'organes en Suisse: les chiffres
En 2020, 146 prélèvements ont été réalisés sur des personnes décédées, et 83 sur des personnes vivantes, selon Swisstransplant.
En 2020, 80 personnes sont mortes faute d’organes à disposition. Et 1500 malades sont sur liste d’attente, soit trois fois plus qu’il y a 10 ans.
Délai d’attente moyen pour une transplantation du rein: 3,5 ans en Suisse, moins d’un an en Espagne, 5 à 6 ans en Allemagne.
Actuellement, 120'000 personnes sont inscrites sur le Registre national du don d’organes.