Le phénomène est toutefois essentiellement attribué à l'évolution des taux de change, estime l'étude d'Interpharma et de Santésuisse. Les préparations innovantes restent les moins sujettes à sur-tarification en Suisse, avec une différence de 6,9% - contre 4,5% il y a un an - sur la moyenne des tarifs pratiqués au Danemark, en Autriche, en Belgique, au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède, en Finlande et en France.
Viennent ensuite les médicaments originaux mais dont la protection du brevet est parvenue à expiration, avec une surtaxe de 11,5% contre 10% un an plus tôt, détaillent jeudi les faîtières des laboratoires pharmaceutiques et des caisses maladie dans leur compte-rendu.
Génériques très onéreux
Particulièrement désavantageux en Suisse de longue date, les génériques coûtaient en avril 2021 45,2% de plus que douze mois plus tôt, alors que la différence était encore de 42% un an plus tôt.
Le prix de fabrique, à savoir la part revenant au producteur, peut s'avérer particulièrement éloquent dans l'établissement du prix de ces copies de médicaments originaux.
Ecarts abyssaux dès la sortie d'usine
Sandoz facture ainsi 50,66 francs la boîte de 100 comprimés d'Atorvastatine 10 mg vendue en Suisse, alors que la filiale génériques et biosimilaires de Novartis n'encaisse que 5,65 euros pour un paquet de 98 comprimés écoulés en Belgique.
Sur le seul territoire helvétique, la différence de prix moyen entre la version générique de ce médicament destiné à abaisser le taux de cholestérol et de triglycérides dans le sang et sa version originale va du simple (32 francs) au plus du double (76 francs).
Les médicaments employés dans le domaine ambulatoire en Suisse ont représenté une facture totale de 7,6 milliards de francs l'an dernier, en hausse de 5% sur un an. Les préparations originales jouissant de la protection de brevets représentaient une bonne moitié de ce montant, quand les génériques constituaient à peine 16% de l'ensemble.
ats/jpr
Points de vue divergents
Santésuisse calcule que l'établissement d'un système de prix de référence, une priorité accordée à la prescription des génériques, un alignement sur les prix pratiqués à l'étranger ou encore un assouplissement du principe de territorialité pour le remboursement des médicaments notamment permettraient d'économiser 350 millions de francs sur les substances actives.
Une baisse des marges de distribution générerait une épargne supplémentaire d'un tiers de milliard, tandis que le passage à un examen annuel des critères d'admissions sur la liste des spécialités pour les médicaments protégés ou non par un brevet représenterait un potentiel supplémentaire de 100 millions.
Les 780 millions d'économies potentielles correspondent à un allègement de 2,3% des primes maladies, ou une économie de 85 francs par an et par assuré, déduit la plus ancienne des faîtières de l'assurance maladie.
Si les deux auteurs de l'étude s'accordent pour souligner le faible écart de prix entre la Suisse et ses voisins européens pour les médicaments innovants, la convergence s'arrête là. Interpharma plaide en effet pour le maintien du rythme triennal de réexamen des tarifs et s'insurge contre les importations parallèles de produits protégés par brevet, qui selon l'association compromettent la sécurité des patients.