Les réseaux sociaux, indispensables pour toucher les jeunes en politique?
Un concours d'anecdotes opposant le président français Emmanuel Macron aux youtubeurs Mcfly et Carlito a fait le buzz ce week-end. Cette opération politique qui vise à séduire les jeunes n’a pas vraiment d'équivalent en Suisse.
En participant à l’Elysée à un "concours d’anecdotes" avec Mcfly et Carlito, le président français Emmanuel Macron s’est offert ce week-end un joli coup de marketing politique auprès des jeunes. Publiée dimanche, la vidéo cumule près de 12 millions de vues sur Youtube.
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Pour Olivier Glassey, professeur en sciences sociales à l’UNIL, il est difficile de réitérer une telle prouesse au niveau suisse. "Le succès de la vidéo repose sur la fanbase des deux youtubeurs. Il n’existe pas d’influenceur aussi célèbre en Suisse. Les différences linguistiques posent aussi un problème: il est quasiment impossible de fédérer une aussi grosse communauté", explique-t-il jeudi dans le 19h30.
Communication maîtrisée ou moment gênant?
La séquence interroge au-delà des frontières et pose une question centrale: peut-on se passer en politique des réseaux sociaux quand il s’agit de séduire le jeune électorat?
En Suisse, les avis sont partagés. Certains saluent une communication politique maîtrisée: "Pour moi, c’est une stratégie réussie car la vidéo fait parler les jeunes. Et si on parle de Macron, il aura forcément plus de visibilité et par conséquence plus d’influence", analyse une étudiante interviewée dans les couloirs de l’Université de Genève.
Pour d’autres, l’opération marketing est un raté. "Le public cible de Mcfly et Carlito sont les jeunes adolescents, qui n’ont pas le droit de vote… La vidéo n’a aucun fond politique et j’ai du mal à voir en quoi cela peut influencer les prochaines présidentielles. J’ai trouvé ça plutôt gênant", lance un étudiant en droit.
Alain Berset populaire auprès des jeunes
En Suisse, les conseillers fédéraux sont encore loin de la stratégie de l’Élysée. Certaines apparitions ont même été tournées en dérision, à l’instar de la fameuse danse d’Ueli Maurer sur Tiktok.
Certains politiques ont néanmoins la cote auprès des jeunes. C’est notamment le cas du ministre de la Santé Alain Berset, dont le compte Instagram compte près de 112'000 abonnés. "C’est le plus présent sur les réseaux sociaux. Il est assez fort en communication: il y a une volonté de toucher un électorat plus jeune, en accordant par exemple des lives aux médias sur Instagram ou en participant à des vidéos humoristiques. Ça instaure une sorte de proximité entre lui et les jeunes", explique une autre étudiante.
La grande majorité des étudiants sondés estiment que les réseaux sociaux restent un canal incontournable pour toucher les jeunes, même si le contenu est dépolitisé.
"Le but n’est pas forcément d’adresser un message politique, mais de montrer que nos chefs d’État sont dignes d’empathie, de confiance ou d’intérêt. C’est sur ces marges là que ces opérations de communication politique opèrent et fonctionnent", conclut Olivier Glassey.
Sarah Jelassi
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