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Christophe Reymond: "La Suisse a déjà une politique climatique efficace"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Christophe Reymond, directeur du Centre patronal
L'invité de La Matinale (vidéo) - Christophe Reymond, directeur du Centre patronal / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 10 min. / le 28 mai 2021
Le directeur général du Centre patronal Christophe Reymond s'oppose à la loi sur le CO2, au programme des votations du 13 juin. Selon lui, la Suisse mène déjà "une politique climatique efficace".

"Ces dix dernières années, nous avons diminué de 24% les émissions par tête d'habitant. Il y a de bons progrès, de gros efforts sont faits, y compris dans les entreprises", affirme Christophe Reymond vendredi dans La Matinale.

La Suisse veut réduire d'ici à 2030 ses émissions de CO2 de moitié par rapport au niveau de 1990, conformément à l'Accord de Paris sur le climat. Pour y parvenir, la loi sur le CO2 fixe une série d'incitations financières, notamment une taxe sur les billets d'avion et une hausse de la taxe sur les combustibles fossiles.

Si les recettes des taxes seront en partie redistribuées à la population et aux entreprises, ce système ne convainc pas Christophe Reymond: "Dire que la taxe sera redistribuée, c'est l'un des grands arguments des partisans de la loi. Il faut être précis. Pas un franc des sommes qui seront réunies avec les 12 centimes d'augmentation du prix de l'essence ne sera distribué ni à la population ni aux entreprises. On a affaire à une immense machine, une immense pompe à finance. Ce sont deux milliards de francs."

(ndlr: une partie importante de la taxe carbone devrait en revanche revenir à la population ainsi qu'aux entreprises >> retrouver le récapitulatif des mesures: Votation sur la Loi sur le CO2, des fronts divisés des deux côtés)

>> Lire aussi : Loi sur le CO2: un surcoût de 100 francs ou 1000 francs par an pour une famille-type?

Pollueur-payeur

La loi sur le CO2 appliquera le principe du pollueur-payeur. Les citoyennes et citoyens qui émettent le plus de CO2 sont ceux qui paieront le plus de taxes.

"La question de la récompense des comportements vertueux est intéressante, mais encore faut-il qu'il y ait des moyens de substitution. Quel est le moyen de substitution du locataire qui est chauffé au gaz ou au mazout? Quel est le moyen de substitution du boulanger qui cuit son pain avec un four à gaz? C'est extraordinairement difficile. Au fond, il est captif à énormément d'égards. On lui dit qu'il est négligent à l'égard du climat et on le taxe", assure le patron des patrons vaudois.

"Innovation et progrès technique"

Christophe Reymond rappelle par ailleurs que la Suisse "représente un millième des émissions de CO2 du monde". Selon lui, la mise en place d'une "alignée de taxes" pour réduire de moitié les émissions n'est pas justifiée.

"On a raison de fixer des objectifs ambitieux. Mais si on pense que c'est par des interdictions ou des taxes qu'on va résoudre le problème de la crise du climat, on se trompe. Nous pensons que c'est par l'innovation et le progrès technique qu'on y arrivera", indique le directeur du Centre patronal.

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Guillaume Martinez

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