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"Je dois l'avouer, la violence m'a fait vibrer", témoigne un ancien auteur de violence domestique

Témoignage d'un auteur repenti de violences domestiques
Témoignage d'un auteur repenti de violences domestiques / 19h30 / 4 min. / le 30 mai 2021
A 45 ans, Romain témoigne à visage découvert de la violence qu'il a exercé au cours de sa vie. A travers son récit, ce chef d'entreprise souhaite montrer qu'il est possible de sortir de cet engrenage.

Jeune, Romain a subi de la violence, la violence de la rue lorsqu'il vivait en Afrique avec ses parents mais aussi dans le cadre familial. En grandissant, les rôles se sont inversés. Sans même s'en rendre compte, il est passé de victime à agresseur.

Les premiers faits remontent à l'adolescence: "Je devais avoir dix-sept ans. On avait fait une fête l'après-midi. Nous étions chez une copine. On s'est trouvé tous les deux à la piscine. A un moment, elle a dû faire une réflexion qui m'a déplu. Là je lui ai mis une claque et je l'ai coulée. Je l'ai tenu sous l'eau 30-40 secondes. J'ai vu dans ses yeux qu'elle était terrorisée. Je n'ai pas immédiatement regretté mon geste. Puis la violence a continué crescendo", explique-t-il face à la caméra du 19h30.

L'homme se souvient d'une violence sourde, aveugle, soudaine et brutale: "Je dois l'avouer, la violence m'a fait vibrer. A présent, c'est quelque chose que je rejette et je le regrette profondément. Je me suis excusé – sans doute trop tard – auprès des femmes sur lesquelles j'ai levé la main".

Manque de repères

Depuis le mois de février, Romain consulte un thérapeute qu'il voit une fois par semaine à Caritas Valais, le répondant cantonal pour la violence domestique.

Pour Xavier Pitteloud, le fait d'avoir grandi dans un milieu où la violence existait n'excuse pas tout. Cela empêche en revanche d'avoir des repères en référence. L'intervenant psychosocial constate un manque de normalité dans les rapports humains: "En thérapie, nous nous concentrons sur le fait de pouvoir gérer les souffrances passées tout en travaillant sur les comportements actuels afin de redéfinir un nouvel état d'équilibre".

En Valais, 90 personnes par année suivent le programme Alternative – Violence. L'entretien est obligatoire si l'auteur est écarté de son domicile par une décision de justice ou volontaire comme c'est le cas pour Romain.

L'an passé en Suisse, 28 personnes sont mortes dans un contexte de violence conjugale. Pour enrayer ce fléau, la conseillère fédérale Karin Keller Sutter a élaboré une feuille de route afin de protéger davantage les victimes.

>> Voir l'interview de Karin Keller Sutter réalisé par Valérie Gillioz :

L'interview de Karin Keller Sutter sur les violences domestiques
L'interview de Karin Keller Sutter sur les violences domestiques / L'actu en vidéo / 5 min. / le 30 mai 2021

Romain souhaite que son témoignage permette de faire comprendre aux auteurs de violence que les choses peuvent changer et peuvent être bouleversées dans le bon sens. Il s'engage dans un processus de guérison au long cours.

Depuis deux ans, Romain vit avec Emilie, sa compagne qui l'épaule dans ce processus de reconstruction.

Flore Dussey/sjaq

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