Selon les classements les plus complets, comme celui du Global Carbon Project et le CAIT du World Resources Institute, il faut non pas quatre heures, mais trente-deux heures, pour que la Chine émette autant de gaz à effet de serre que la Suisse en un an. Pour le conseiller national UDC/GE Yves Nidegger, peu importe que ça soit quatre ou trente-deux heures. La loi suisse n'aurait selon lui pratiquement pas d'impact sur le climat.
"La Suisse doit faire quelque chose comme tout le monde. Mais ce que je conteste c'est l'utilité de la loi CO2, c'est-à-dire un système d'imposition punitif, qui n'a pas de lien avec la température qu'il fait sur la planète", tonne-t-il.
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Impact de la Suisse sous-estimé
La Suisse est-elle insignifiante? Non, répond Philippe Thalmann, professeur d'économie de l'environnement à l'EPFL, qui est en faveur de la loi. Pour lui, notre impact est au contraire sous-estimé.
"Nos émissions, il faut les multiplier par deux et demi pour arriver à l'impact global de notre mode de vie. Dans le cas de la Chine, c'est l'inverse. L'essentiel de ce qu'ils émettent c'est pour produire des choses qui sont consommées hors de la Chine", précise-t-il.
Signal fort
Et le professeur d'ajouter que, selon lui, cette loi est surtout un signal fort. "Si un pays riche et avancé comme la Suisse n'est pas capable de sortir des énergies fossiles, comment attendre d'un pays émergents de le faire", s'interroge-t-il, ajoutant que "c'est précisément parce que d'autres pays ne font pas grand-chose qu'il est d'autant plus important que la Suisse et ceux qui se donnent de la peine réduisent leurs émissions."
Si la Suisse approuve la nouvelle loi CO2, en terme d'ambition, elle restera dans la première moitié du peloton. Autrement dit plus active que la Chine, mais loin derrière les pays nordiques.
Quant aux résultats concrets, presque aucun pays n'avance assez vite pour atteindre l'objectif de l'accord de Paris de maintenir le réchauffement global bien en-dessous de deux degrés d'ici la fin du siècle.
Etienne Kocher/fgn