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Que pèsent réellement les émissions de CO2 de la Suisse?

La Suisse n'est-elle qu'une goutte d'eau dans l'océan du changement climatique? C'est l'un des arguments favoris des opposants à la loi sur le CO2, en votation le 13 juin. [Keystone - Gaetan Bally]
La question des émissions de CO2 de la Suisse en comparaison internationale au coeur du débat sur la future loi / La Matinale / 1 min. / le 31 mai 2021
Sur les réseaux sociaux, des opposants à la loi votée le 13 juin, dont plusieurs figures de l'UDC, prétendent que la Chine émettrait autant de CO2 en quatre heures que la Suisse en un an. Si le calcul est faux, la question demeure. Quel est le poids réel de nos émissions?

Selon les classements les plus complets, comme celui du Global Carbon Project et le CAIT du World Resources Institute, il faut non pas quatre heures, mais trente-deux heures, pour que la Chine émette autant de gaz à effet de serre que la Suisse en un an. Pour le conseiller national UDC/GE Yves Nidegger, peu importe que ça soit quatre ou trente-deux heures. La loi suisse n'aurait selon lui pratiquement pas d'impact sur le climat.

"La Suisse doit faire quelque chose comme tout le monde. Mais ce que je conteste c'est l'utilité de la loi CO2, c'est-à-dire un système d'imposition punitif, qui n'a pas de lien avec la température qu'il fait sur la planète", tonne-t-il.

>> Lire la présentation des enjeux : Votation sur la Loi sur le CO2, des fronts divisés des deux côtés

Impact de la Suisse sous-estimé

La Suisse est-elle insignifiante? Non, répond Philippe Thalmann, professeur d'économie de l'environnement à l'EPFL, qui est en faveur de la loi. Pour lui, notre impact est au contraire sous-estimé.

"Nos émissions, il faut les multiplier par deux et demi pour arriver à l'impact global de notre mode de vie. Dans le cas de la Chine, c'est l'inverse. L'essentiel de ce qu'ils émettent c'est pour produire des choses qui sont consommées hors de la Chine", précise-t-il.

Signal fort

Et le professeur d'ajouter que, selon lui, cette loi est surtout un signal fort. "Si un pays riche et avancé comme la Suisse n'est pas capable de sortir des énergies fossiles, comment attendre d'un pays émergents de le faire", s'interroge-t-il, ajoutant que "c'est précisément parce que d'autres pays ne font pas grand-chose qu'il est d'autant plus important que la Suisse et ceux qui se donnent de la peine réduisent leurs émissions."

Si la Suisse approuve la nouvelle loi CO2, en terme d'ambition, elle restera dans la première moitié du peloton. Autrement dit plus active que la Chine, mais loin derrière les pays nordiques.

Quant aux résultats concrets, presque aucun pays n'avance assez vite pour atteindre l'objectif de l'accord de Paris de maintenir le réchauffement global bien en-dessous de deux degrés d'ici la fin du siècle.

Etienne Kocher/fgn

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