Alors que la Suisse importe depuis longtemps de l'énergie lors des mois les plus froids, c'est l'abandon la semaine dernière des négociations pour un accord-cadre avec l'Union européenne qui complique la situation pour la Confédération.
L'UE attendait en effet d'être parvenue à un compromis sur un accord cadre avant de signer cet accord spécifique sur l'électricité.
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"C'est n'est pas la question de rentrer sur le marché européen de l'électricité, nous y sommes déjà. Le risque, c'est d'en sortir", explique Christian Petit, directeur général de Romande Energie, vendredi dans La Matinale. "Actuellement, nous avons de l'information, de la planification et nous avons accès aux possibilités de commercialiser notre énergie excédentaire et la certitude de pouvoir importer de l'énergie déficitaire, notamment en hiver. C'est sur tous ces aspects que l'absence d'accord nous met maintenant en danger", détaille le responsable.
Un tournant énergétique
La Suisse a en outre décidé de sortir du nucléaire: elle a pour cela prévu de construire davantage d'éoliennes, de panneaux solaires et de barrages. Dans l'intervalle, elle compte sur ses voisins. Mais comme ces derniers tournent eux aussi le dos au nucléaire et au charbon, ils cherchent de même à importer du courant durant l'hiver.
"Au sein de l'UE, les pays s'engagent à réserver leurs capacités d'exportation entre eux. Et nous passerons après. Si nous avions un accord européen sur l'électricité, nous serions au même niveau que les autres", relève Christian Petit.
Si on est encore loin des coupures d'électricité, ces tensions pourraient néanmoins avoir un impact sur les prix, et donc sur la facture des ménages.
Mise en pratique à définir
Pour la Commission fédérale de l'électricité, il faut donc produire plus d'électricité en hiver, car les mesures prévues jusqu’ici sont insuffisantes.
"L'ElCom ne dit pas quelles technologies il faut mettre en place, mais simplement qu'il faut davantage de production indigène", précise Laurianne Altwegg, sa vice-présidente.
Faudra-t-il rehausser les barrages ou construire des centrales à gaz? La balle est maintenant dans le camp du politique.
Sandrine Hochstrasser/kkub