Marianne Maret: "On n'attend jamais d'un homme qu'il représente tous les hommes, mais d'une femme, oui"
En juin 1971, Marianne Maret avait 13 ans. "J'avais accompagné mes parents au bureau de vote, c'était un joli moment, un moment de fierté pour ma maman. Mais surtout pour mon papa, je crois qu'il était encore plus rayonnant qu'elle", raconte-t-elle sur le plateau du 19h30 dimanche.
Mais à l'époque, les avis étaient encore très divisés. "À l'école secondaire, dans ma classe de filles, le droit de vote pour les femmes n'était pas soutenu par l'unanimité des élèves, il y en avait qui étaient contre", se souvient-elle. "Je pense qu'elles étaient influencées par leurs familles, mais c'était quand même surprenant: Mai 68 était déjà passé là pourtant."
Mère au foyer, puis politicienne
La sénatrice a vécu une vie de véritable pionnière. Avant de devenir, en 2019, la première femme valaisanne à accéder au Conseil des États, elle était déjà la première à accéder à une présidence de commune au Val d'Illiez, en 2004. Elle a en outre été l'une des premières femmes arbitres de basket en Suisse.
Être femme au foyer, c'est un joli bagage, ça devrait être une jolie ligne sur un CV.
Mais avant de faire de la politique à plein temps, Marianne Maret a également été, durant 19 ans, une mère au foyer de cinq enfants. Un choix de vie plutôt traditionnel, qu'elle brandit aujourd'hui comme une fierté à Berne.
"Pourquoi une femme au foyer représenterait-elle moins bien la population suisse que les 40% de juristes avec qui je siège au Conseil des États?", questionne-t-elle. "Être femme au foyer, c'est un joli bagage, ça devrait être une jolie ligne sur un CV, et pas complètement dénigré", poursuit-elle.
Impossible de représenter toutes les femmes
Toutefois, la démocrate-chrétienne n'échappe pas aux critiques. Son élection en 2019 avait provoqué quelques remous. Son adversaire de l'époque, le socialiste Mathias Reynard, étant jugé par certains et certaines plus proche des combats féministes et des intérêts des femmes.
Cette situation, Marianne Maret dit l'avoir vécue difficilement. "Ça m'a blessée qu'une partie des femmes puissent penser qu'un homme les représente mieux qu'une femme", explique-t-elle. "J'ai eu l'impression qu'on avait galvaudé le fait que j'étais moi-même une femme sur l'autel des combats magnifiques que Mathias Reynard a menés."
"En politique, on n'attend jamais d'un homme qu'il représente tous les hommes. Moi, on attendait que je représente toutes les Valaisannes, mais c'est impossible", regrette encore Marianne Maret.
Propos recueillis par Fanny Zürcher
Texte web: Pierrik Jordan